Portrait de Laurent Rey, DGS mutualisé de la ville et de la communauté de communes du Pays de Lourdes (18 communes – 20830 habitants)


Laurent Rey

Quelles sont les principales étapes de votre parcours territorial?

Après une maîtrise en droit public et un mastère en management public à l'ESC Bordeaux, j'ai commencé ma carrière en qualité d'auditeur à la ville de Saint Médard en Jalles (33). Ensuite, j'ai intégré la ville de Blaye (33) en qualité de Directeur Administratif et Financier où j'ai pu notamment expérimenter la nouvelle instruction budgétaire et comptable M14. J'ai exercé les mêmes fonctions à la ville de Dax (40) avant de rejoindre la régie des eaux du Tursan (40) afin d'en assurer la direction juridique et financière. Cet établissement public, qui a été site pilote de l'Agence de l'eau Adour Garonne sur les SPANC, m'a permis de développer des services publics industriels et commerciaux d'assainissement collectif et non collectif à l'échelle inter départementale. Dix ans plus tard, j'ai eu envie de porter l'intérêt général en dehors des process publics. Mon profil d'entrepreneur / développeur m'a amené à penser la mobilité entre les sphères publique et privé. Pour moi, il n'y a pas de différenciation entre les deux mondes quant aux modes de gouvernance ou d'organisation, seule la finalité n'est pas la même. Partant de ce constat, j'ai cofondé Territoires RH (33), cabinet expert en organisation publique. J'ai pris ensuite des fonctions de Directeur adjoint en charge des services support à la communauté d'agglomération du Grand Dax (40), où j'ai pu développer mon portefeuille de compétences sur tous les missions et projets gérés par l'intercommunalité.

En 2014, la question de poursuivre dans le secteur public s'est posée car je souhaitais développer une activité consacrée à la formation professionnelle et à l'employabilité des jeunes. Dans un contexte économique atone, l'idée était de mettre à disposition des outils et de développer des contenus favorisant l'accompagnement personnalisé. J'ai décidé toutefois de reporter ce projet et de prendre la direction mutualisée de la ville et de la Communauté de Lourdes (65).

 

Quel projet vous a particulièrement marqué?

Deux : la reprise en régie directe de services publics de distribution d'eau potable et d'assainissement et la réalisation du contrat d'agglomération du Grand Dax.

Le premier a permis de développer la régie intercommunale de 36 à 86 communes et de créer 20 emplois, sans augmentation tarifaire. Une structure publique ne faisant pas de profit, preuve en est que bien gérer un service public n'est pas que l'apanage des entreprises privées. Par ailleurs, en qualité de site pilote SPANC pour l'agence de l'eau Adour Garonne, nous avons permis le subventionnement de 450 réhabilitations d'unités individuelles d'épuration dans le cadre d'opérations programmées d'amélioration de l'habitat.

Le second a posé les infrastructures du développement du bassin de vie et d'emploi dacquois. La réalisation du contrat d'agglomération représente une belle aventure professionnelle et humaine. Ce dernier a demandé la mobilisation de tous les acteurs du territoire afin de mettre en musique un important projet d'aménagement et de développement. Nous avons notamment réalisé un pôle d'échange multimodal, autour de la gare LGV, d'où part le réseau de transport public de personnes (créé en SPL avec le CD40) ; Un schéma stratégique de développement économique a permis également de créer cinq ZAE, ainsi qu'une pépinière d'entreprises dédiée à l'innovation ; enfin, un véritable projet d'aménagement numérique du territoire avec la mise en œuvre d'un réseau d'initiative publique a permis d'irriguer en fibre optique les habitations des 20 communes du territoire. Mais le projet qui me touche le plus a été la création du CIAS avec la mise en œuvre des SAAD (125 agents pour 160.000 heures de prestation), salué par l'obtention du grand prix du management public 2010, remis au regretté Président Jacques ANTHIAN.

 

Quel est votre dossier d'actualité?

L'organisation fonctionnelle mutualisée du territoire lourdais (65). Celle-ci s'articule autour de 4 directions générales adjointes : services support, services à la population, services techniques et services en charge du développement économique, touristique et de l'internationalisation (Lourdes étant la deuxième ville hôtelière de France et le quatrième centre catholique mondial). Chaque DGA gère et anime des responsables de services communaux, intercommunaux et mutualisés, ce qui permet au CODIR d'avoir l'ensemble des politiques publiques à gérer en direct. Mon rôle est d'animer les directions adjointes et les quatre missions qui me sont directement rattachées (politiques contractuelles, gestion des risques, mutualisation des services et politique de la ville) afin de traduire le projet politique de Madame la maire - présidente.

Parallèlement, le SDCI prévoit la possibilité pour notre territoire de fusionner pour devenir une communauté d'agglomération de 130.000 habitants, autour de la zone aéroportuaire et du bassin de vie / bassin d'emploi de Tarbes – Ossun – Lourdes. Cette transformation serait considérable pour l'avenir du territoire, puisqu'elle permettrait d'avoir plus de visibilité dans la grande région (7ème agglomération de la région LRMP) et d'avoir un dialogue plus équilibré avec la communauté d'agglomération de Pau Pyrénées et le pôle métropolitain béarnais.

 

Qu'est-ce que vous apporte l'ADGCF?

L'ADGCF est un réseau d'experts et d'expertises basé sur des valeurs communes et un engagement pour l'intérêt général. Il est constitué de personnes humbles qui ont pour passion le développement territorial. Cet espace de partage et de technicité représente le cœur de notre ADN : l'expertise d'usage.

L'association nous permet également de nous structurer au niveau régional afin de nous mettre en ordre de marche pour relever les défis économiques et environnementaux à venir. Dans ce contexte, la délégation ADGCF LRMP a rencontré récemment Simon Munsch, le nouveau DGS de la nouvelle région, pour travailler ensemble à la définition des bons niveaux de territorialisation des politiques publiques. Des axes de travail et des propositions sont en cours.

Pour conclure, je dirai que tous les moments d'échanges associatifs représentent aussi une véritable bouffée d'oxygène, permettant de mettre en perspective mon expérience avec celle de mes collègues dans une ambiance chaleureuse et décontractée.

[26/04/2016]