bifurcation » à la consolidation des dispositifs d'accompagnement et de solidarité que nous proposons à nos adhérents, en passant par le déploiement d'un cursus de formation destiné aux élus locaux porté par l'ADGCF et Sciences Po Paris, avec le soutien d'Intercommunalités de France. L'occasion, aussi, de proposer et de valider les nouveaux chantiers pour l'année à venir. On retiendra tout d'abord l'organisation d'un cycle de rencontres en région visant à promouvoir notre nouveau court-métrage, Les Faiseurs de bifurcation ; ensuite, dans la perspective des élections locales de 2026 et de son corollaire, le « mercato » territorial, la mise à l'agenda de forums de rencontres entre des cabinets de recrutement et nos adhérents en situation potentielle de mobilité ; l'attribution, enfin, au Conseil Scientifique de l'ADGCF d'une nouvelle mission, modéliser, à l'aune des grandes transitions, la nouvelle génération de projet de territoire et confectionner un guide méthodologique ad hoc. Je reviendrai dans une autre newsletter sur cette démarche qui renvoie à l'ADN même de l'intercommunalité.
Je voudrais ici m'arrêter sur une séquence qui a suscité de nombreuses réactions parmi les 200 cadres intercommunaux présents : la présentation par le politiste Éric Kerrouche d'une enquête commandée par l'ADGCF au Centre d'études sur la vie politique française -le CEVIPOF- sur les DGS d'intercommunalité que nous diffuserons prochainement. Les sujets abordés y sont multiples : les propriétés sociales et scolaires, le parcours territorial, les points de vue sur l'exercice du métier et sur le fonctionnement du bloc local... Mais s'il y a une statistique qui nous a laissé collectivement songeurs, c'est l'indice de confiance des collègues dans le devenir de l'intercommunalité à 5 ans : 4,4 sur 10, autrement dit, une majorité des 377 répondants, considèrent que la situation des communautés et des métropoles va se dégrader. Renvoyant sans aucun doute à l'instabilité politique et à la « morosité ambiante » -l'indice de confiance dans le futur de notre pays est d'ailleurs de 3,1 sur 10- ce « blues » des directeurs généraux d'intercommunalité détonne avec ce qui a constitué jusque-là le moteur de notre action : l'enthousiasme, c'est-à-dire l'exemplarité et l'innovation au service des communes et des habitants de nos territoires.
Bien sûr, à l'aune des résultats de cette enquête, les récentes annonces du Premier ministre Sébastien Lecornu -confortées dans sa déclaration de politique générale- relatives au nouvel acte de décentralisation ont fait l'objet de nombreux commentaires et interrogations. Les collectivités ne peuvent plus aujourd'hui se contenter d'être les opérateurs territoriaux de l'État, c'est pourquoi on ne peut qu'adhérer au souhait de l'ancien maire de Vernon visant à renforcer le pouvoir local. De fait, les « transferts de responsabilités » évoqués impliqueront-ils, pour être efficaces, un réel « chef de filât », c'est-à-dire une hiérarchisation des collectivités ? Faut-il faire de la clarification des compétences un objectif « emblématique » au regard de la complexité croissante de l'action publique locale ? L'enjeu n'est-il pas, aussi, de faire converger les politiques publiques -tout particulièrement dans le champ de l'écologie, de la santé et du social- de manière horizontale et verticale, en somme, de faciliter les coopérations ? Enfin, peut-on envisager une relance de la dynamique des communes nouvelles, mère de toutes les réformes pour nos membres ?
L'ADGCF n'a jamais appelé à un « plus » mais essentiellement à un « mieux » en matière de décentralisation, c'est-à-dire à un réel saut qualitatif dans le fonctionnement de nos administrations territoriales et dans notre relation à l'État. Nous tenant à la disposition de nos élus, nous serons attentifs au contenu du potentiel projet de loi, en espérant que celui-ci sera à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés.
Régis PETIT
Président de l'ADGCF