Une émotion certaine conjuguée à une grande fierté : voilà ce que j'ai ressenti, le 11 octobre dernier à Orléans, à l'occasion de l'Assemblée Générale de notre Association qui a entériné le vote de nos adhérents installant notre nouveau Conseil d'administration et confirmé, dans la foulée, l'élection du Bureau exécutif que j'aurai l'honneur de présider durant la mandature 2023-2026.
Le sentiment d'une grande responsabilité aussi : la période qui s'ouvre ne sera pas un long fleuve tranquille pour l'intercommunalité. Outre le fait que nous soyons entrés dans un cycle de crises multidimensionnelles et systémiques, les nombreux chantiers mis à l'agenda des politiques locales - écologique, énergétique, social, économique et démocratique… - apparaissent comme d'immenses défis. Pour autant, le bilan de nos actions sur les trois années écoulées, jugé largement positif par nos membres, nous autorise, plus que jamais, à aller de l'avant. Aussi, notre philosophie restera la même : anticiper, proposer, plutôt que de se voir imposer.
Revenons à la 33ème Convention nationale de l'intercommunalité, dans le cadre de laquelle s'est déroulée notre Assemblée Générale. Son thème, « Les transitions : une question politique » faisait écho aux réflexions menées par l'ADGCF au cours de ces derniers mois autour de l'enjeu écologique. On ne peut que le constater : la question politique - et ses implications sociales - constitue jusqu'à présent un angle mort de la problématique environnementale. Comment politiser les renoncements ? Comment arbitrer les conflits d'intérêt sans basculer dans la radicalité ? Impossible de faire l'impasse sur ces interrogations fondamentales. La plénière de clôture de la Convention a justement été l'occasion de diffuser, en avant-première et dans sa version « courte » de 15 minutes, le film tiré de notre démarche menée conjointement avec Intercommunalités de France, « Et si… La transformation écologique était la matrice des politiques intercommunales ». Gageons, à l'aune des réactions enthousiastes des quelques 2000 élus et cadres dirigeants présents dans la salle, que notre pari initial, celui de produire un récit des transformations écologiques identifiant les freins mais explorant aussi les leviers principaux dont disposent nos intercommunalités pour partir à la conquête environnementale de leur territoire, est gagné.
Il ne s'agit cependant que de la première pierre de l'édifice. En effet, notre feuille de route pour les prochains mois est toute tracée : autour de la version « longue » du film - 38 minutes - qui donne la possibilité aux experts, élus et techniciens de développer davantage leur propos, l'ADGCF a mis à l'agenda un « Tour de France » de ses 13 délégations régionales. L'objectif : débattre, en présence des chercheurs qui ont accompagné notre projet et avec nos adhérents, voire avec des élus selon les configurations, de la façon de faire « atterrir », concrètement, les « valeurs », les « lignes de forces » et les « hypothèses » exprimées par l'ensemble des parties-prenantes. Vous trouverez, dans les colonnes de cette newsletter, toutes les dates de ce cycle de rencontres.
Au-delà de la dynamique suscitée par la projection de notre court-métrage centré sur la transformation, écologique et ses effets sur notre modèle de décentralisation préexistant, sur les fondements de notre fiscalité locale mais aussi sur les modalités de management de nos organisations territoriales, notre Association poursuivra son action dans le cadre de son projet 2020-2026. En quelques mots, nos objectifs s'inscrivent plus que jamais dans une démarche de consolidation de notre réseau professionnel (services aux adhérents, dispositif de mentorat, bourse aux missions), d'intensification de nos travaux sur les mutations territoriales et l'organisation du bloc local (Universités d'été, publications d'enquêtes et d'études) et, bien sûr, de dynamisation de nos délégations régionales.
Vous le constatez mes cher(e)s collègue(s) : le nouveau Conseil d'administration et son Bureau exécutif demeurent fidèles au style ADGCF. L'identité de notre Association et ses atouts, ce sont ses capacités à valoriser le métier de dirigeant d'intercommunalité dans une logique non corporatiste, à représenter tous les types de territoires et à inscrire systématiquement nos travaux dans une dimension prospective.
Je ne peux conclure cet édito sans évoquer l'attaque terroriste commise dans un lycée à Arras et qui a suscité une vive émotion lors de la Convention nationale de l'intercommunalité. Face à la barbarie, n'oublions jamais, mes cher(e)s collègue(s), de défendre et aussi de promouvoir les valeurs de la République, de la démocratie et de la liberté d'expression.
Régis PETIT Président de l'ADGCF |