Édito

Régis Petit

Président de l'ADGCF

« Mission sénatoriale d'évaluation de l'intercommunalité : surtout ne pas alimenter le ressentiment »

« Certains maires, notamment ruraux, ne se sentent pas bien dans leur intercommunalité. Quelles sont vos préconisations pour améliorer les choses ? ». Voilà, en substance, la problématique posée par Maryse Carrère, sénatrice des Hautes-Pyrénées et rapporteure de la mission d'information chargée de faire le bilan des lois .......

NOTRe et MAPTAM et qui a auditionné l'ADGCF le 4 juin dernier. Usant des précautions d'usage — « il ne s'agit pas d'instruire un procès à charge » — mais évoquant dans le même temps les « mariages forcés » et les « compétences sans cesse plus nombreuses » des intercommunalités », la lettre de cadrage, énoncée en liminaire par le président de la mission, Jean-Marie Mizzon, sénateur de la Moselle, a planté le décor mais également « ambiancé » les échanges.

 

La ligne de force de nos réponses : l'intercommunalité est une réussite. Son organisation demeure bien sûr perfectible, mais elle a su répondre à sa double vocation historique : d'une part pérenniser le tissu communal français —alors que nos voisins européens ont fusionné massivement leurs communes dans les années 60, 70 et 2000— tout en améliorant, d'autre part, la qualité de l'offre de services publics à destination des habitants. Dit autrement, non seulement l'intercommunalité permet aux maires de dialoguer plus facilement, mais elle rend la grande majorité des communes agissantes, la plupart des services d'intérêt collectif étant précisément aujourd'hui intercommunaux —70 % des compétences du bloc local—.

 

Au-delà, que dire sur les périmètres ? D'un côté, les intercommunalités correspondent désormais globalement aux « territoires vécus » par nos concitoyens et trouvent une cohérence à l'exercice de compétences dépassant la commune, comme les mobilités, l'habitat, le développement économique et tout ce qui relève de la transformation écologique (dont l'aménagement et l'urbanisme). De l'autre, ces extensions ont généré des problématiques de gouvernance, donnant aux maires des petites communes la sensation de perdre le lien avec l'administration communautaire, mais aussi aux maires des villes centres, d'être isolés au sein de leur propre territoire. Pour l'ADGCF, la dynamique de fusion des intercommunalités aurait dû s'accompagner d'un plan de regroupement des communes afin de rééquilibrer le fonctionnement des territoires.

 

Que dire sur les compétences ? Nous n'avons pas manqué, évidemment, de faire part de notre étonnement quant au « jusqueboutisme » du Sénat et des associations de maires en matière d'eau et d'assainissement, au regard de la plus-value avérée de l'intercommunalisation de la compétence en matière de mise à niveau des réseaux et ce, au bénéfice de nos concitoyens. Nous avons aussi rappel qu'avec la disparition progressive de l'ingénierie de l'État (DDE, DDAF...) dans les territoires, les services intercommunaux assumaient désormais ce rôle d'appui technique et de proximité auprès des maires. Dans tous les cas, pour l'ADGCF, revoir le socle de compétences intercommunales comme il l'a été suggéré lors de l'audition, c'est prendre le risque de rouvrir des débats tranchés de longue date et de détricoter ce qui est efficace et donne pleine satisfaction à l'habitant.

 

Enfin, que dire concernant la solidarité et les ressources des intercommunalités ? Force est de constater l'intensification d'une logique très consumériste des communes vis-à-vis de l'intercommunalité qui se traduit par l'explosion de l'usage des fonds de concours et des dotations de solidarité communautaires. Dans ce contexte, l'ADGCF plaide pour la généralisation de pactes financiers et fiscaux, des schémas de mutualisation et du plan pluriannuel d'investissement, ainsi que pour des attributions de compensation validées à la majorité qualifiée. Plus largement, il faut, à nos yeux, faire de l'intercommunalité l'échelle de la péréquation, toutes les dotations transitant par l'intercommunalité selon le principe de la DGF territorialisée, leur redistribution intégrant des critères sociaux et écologiques. Enfin, au regard de leurs problématiques et au nom des solidarités, l'ADGCF soutient l'idée du déploiement dans les territoires ruraux des « communes-communautés », dispositif proposé par la sénatrice et désormais Ministre déléguée chargée de la Ruralité, Françoise Gatel...

 

Mes impressions à l'issue de cette audition ? Une mission sénatoriale qui a le mérite de chercher à circonscrire les blocages au fonctionnement optimal des intercommunalités et les leviers susceptibles de les contourner mais qui se fait, également, le réceptacle d'un ressentiment vis-à-vis de l'intercommunalité. Élus débordés par la « technostructure », la « machine » ou le « rouleau compresseur » administratifs, posture des agents intercommunaux qui contribueraient à « marginaliser la voix des communes ». Ces propos auxquels nous avons été confrontés, renvoient à une intercommunalité désormais clairement décrite comme subie plus que choisie. A ce titre, il faut rester vigilant. L'expression d'un ressentiment ne peut produire d'action politique viable mais tend essentiellement à alimenter un sentiment d'injustice faisant perdre tout discernement. N'oublions pas que l'intercommunalité repose toujours sur un affectio societatis, une intention de coopérer entre maires, au service d'un service public local qu'il nous faut à tout prix préserver.

 

 

Régis PETIT

Président de l'ADGCF

Vie de l'association

Universités d'été 2025 : les inscriptions sont ouvertes jusqu'au 19 juin

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Si les intercommunalités ont bouleversé notre paysage territorial, force est de constater qu'elles ne font toujours pas pleinement partie de notre patrimoine territorial. Peut-être parce que la dynamique

communautaire n'a pas su mettre en récit les bouleversements territoriaux qu'elle a engendrés et n'a pas su produire une symbolique et un imaginaire proprement intercommunaux. Dans la perspective des prochaines élections locales, ces Universités sont l'occasion de travailler collectivement à l'élaboration d'un récit intercommunal, mobilisant une « mythologie ». Ces questionnements structureront cette 17ème édition au cours de laquelle nous aurons le plaisir d'accueillir des conférencier(e)s de haut niveau (philosophe, chercheurs, etc.) qui accompagneront nos réflexions collectives.

L'ADGCF auditionnée par la mission sénatoriale d'évaluation de l'intercommunalité

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Représentée par Régis Petit, président, Florence Cornier-Picotin, secrétaire nationale, et Fabrice Belkacem, délégué régional Île-de-France, l'association a partagé sa vision et ses propositions sur la gouvernance, les périmètres, l'exercice des compétences intercommunales et la solidarité territoriale. Cette mission s'inscrit dans la perspective des élections locales de 2026. Le compte-rendu de cette audition sera prochainement disponible sur le site de l'ADGCF.

Cycle Sciences Po x ADGCF : Une deuxième promotion en septembre

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Sciences Po Paris Executive Education et l'ADGCF ont, avec le soutien d'Intercommunalités de France, lancé en janvier dernier le certificat « Dynamiques territoriales et gouvernance publique :

Réussir son mandat d'élu local ». Ce certificat a une double ambition : aider les élus locaux à répondre aux problématiques quotidiennes rencontrées dans l'exercice de leur mandat, mais aussi leur permettre de voir au-delà de la chronologie du mandat et de réinventer les ressorts de leurs décisions et de leurs actions à l'aune des grandes transitions (écologique, sociale, économique et démocratique). En septembre prochain, Sciences Po Paris et l'ADGCF inaugureront la deuxième promotion de 20 élus, formés jusqu'en décembre 2025 (format hybride) par des enseignants-chercheurs SciencesPo Paris et des professionnels des collectivités territoriales.

Et si vous rejoigniez le programme de mentorat de l'ADGCF ?

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Vous êtes dirigeant territorial et souhaitez prendre du recul sur votre posture managériale, interroger vos pratiques ou construire votre trajectoire professionnelle ? Ou bien vous avez envie de transmettre,

d'écouter et d'accompagner un pair dans son évolution ? Le mentorat de l'ADGCF vous propose un cadre confidentiel, bienveillant et hors hiérarchie pour vous engager, en tant que mentor ou mentoré(e). D'une durée de six mois, de septembre 2025 à mars 2026, le dispositif repose sur des binômes de pairs, des échanges réguliers et des temps collectifs de rencontre et de convivialité. Les mentors bénéficient par ailleurs d'une formation et d'un accompagnement par une coach certifiée.

Management territorial des risques au programme d'une rencontre régionale en Bretagne

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écologique »

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Comment, concrètement, passer de la prise de conscience au changement effectif de pratique en matière de transformation

écologique? Quels sont les territoires déjà engagés dans cette bifurcation écologique et comment se sont-ils lancés dans ces nouveaux projets de territoire? S'inscrivant dans la démarche prospective engagée par l'ADGCF dans son second volet intitulé « Les faiseurs de bifurcation», les différentes contributions s'attachent à mettre en lumière les actions de redirection, dans la preuve et l'épreuve, avec des acteurs territoriaux et des experts au travail, dans et pour les territoires.

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Les objectifs climatiques de la France pour 2030 exigent d'augmenter significativement nos efforts annuels de réduction des

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Concours financiers de l'État : les collectivités menacées d'une “année blanche” en 2026

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