" Choisir plutôt que subir "
Conformément à son engagement pris à Nantes en octobre dernier, l'ADGCF s'engage dans l'élaboration d'une nouvelle « grammaire territoriale », qui pourra s'entendre comme un ensemble de règles et de disposition assurant un fonctionnement plus efficient et efficace mais aussi plus intelligible de l'action publique.
Pourquoi se lancer dans une telle entreprise ?
Parce que les mutations qui affectent aujourd'hui les territoires commandent de revisiter l'organisation territoriale de notre pays. La mobilité toujours plus croissante de nos concitoyens et des structures économiques, les dynamiques de concentration des richesses au sein des grandes villes conjuguées à la dilatation des espaces urbains, la prise en charge du changement climatique sans oublier, bien sûr, l'essor des nouvelles technologies qui modifient d'ores et déjà notre appréhension et notre usage du service public… Autant de bouleversements auxquels nos collectivités doivent aujourd'hui faire face et qui, dans un contexte de compétition internationalisée, accélèrent l'obsolescence des périmètres institutionnels décorsetés par la démultiplication des réseaux en tout genre.
Pour l'ADGCF, loin de constituer des entraves à l'exercice des politiques publiques, ces évolutions contemporaines apparaissent davantage comme des fenêtres d'opportunité pour définir et déployer une action publique plus performante. Sauf que, pour l'heure, les décideurs territoriaux, élus et cadres dirigeants, hésitent encore à emprunter le chemin du changement, alors même que l'assèchement continu de la ressource budgétaire leur impose d'opérer des transformations organisationnelles radicales. Choisir plutôt que subir : c'est donc ce que propose notre association. Notre dessein : bâtir une nouvelle vision du monde territorial, non pas dogmatique, mais adaptée aux enjeux sociétaux contemporains c'est-à-dire pragmatique et pédagogique.
Comment conduire ce travail ?
Pour ce faire, c'est sans doute le concept même de décentralisation, à l'aune du « millefeuille », qu'il faudra, sans tabou, réinterroger ; repositionnement de l'Etat, évolution du service public et du statut, « proximité » versus « accessibilité » en matière d'aménagement, nouvelles modalités d'expression démocratique… A partir d'une exploration systématique des principaux « axiomes » et controverses qui structurent notre architecture territoriale, il s'agira de jeter les principes d'un ordonnancement des pouvoirs locaux inédits fondé sur une valeur cardinale, l'amélioration de la qualité de l'action publique locale.
Afin de mener à bien ce travail de rupture avec l'ordre territorial hérité, nous mobiliserons l'ensemble de nos délégations régionales et de nos collèges associés ainsi que tous nos partenaires désireux de mettre à notre à disposition leur expertise et de nous aider à réaliser notre ambition : faire émerger une pensée territoriale disruptive et par là, ne refuser aucune idée aussi iconoclaste soit-elle, intégrer à la réflexion toutes les visions et les intuitions, pour faire du dispositif qui émergera un référentiel pour les élus et les équipes techniques qui piloteront nos territoires en 2020.
L'ADGCF est-elle pleinement légitime pour porter ce type de démarche ?
Oui, parce que ses membres, directeurs généraux des territoires de projets, articulent déjà dans l'exercice de leur métier, le politique et le fonctionnel, le territorial et le réticulaire et privilégient de fait le registre de l'« inter » à celui du « supra ». Dit autrement, par essence, l'intercommunalité incarne une formule novatrice d'administration locale, correspondant précisément aux problématiques de l'époque
et en capacité de promouvoir le passage d'une vision « organique » de l'administration locale
à une vision « systémique » prenant acte des interdépendances croisées qui caractérisent les territoires.