Rencontre avec Stéphane Le Ho, le DGS nommé directeur général délégué de l'Agence France Locale


Rencontre avec Stéphane Le Ho

Quel est votre parcours professionnel ?

L'immense majorité de mon parcours professionnel a été consacré à la fonction de Directeur Général des Services en communes et en intercommunalité. J'ai été DGS de la ville de Clichy-sous-Bois et de la communauté de communes puis d'Agglomération Clichy/Montfermeil pendant plus de dix années. Ensuite j'ai été près de trois ans DGS de la ville de Pantin et ensuite pendant 4 années de la communauté d'Agglomération Est Ensemble qui s'est transformée en 2016 en Etablissement Public Territorial de la Métropole du Grand Paris. Ces différentes fonctions m'ont énormément appris, que ce soit à Clichy-sous-Bois, une expérience incroyable au service d'un territoire et d'une population en très grande fragilité mais également à Pantin et Est Ensemble dans un territoire industriel en pleine mutation et profitant du dynamisme économique de Paris. Créer une intercommunalité est une formidable expérience parce qu'elle permet de faire travailler des élus et des fonctionnaires avec des cultures différentes, des territoires parfois très hétérogènes et de définir un intérêt et un destin commun entre ces territoires et ces acteurs. Ces expériences m'ont beaucoup servi et j'ai essayé à la mission de préfiguration de la métropole du Grand Paris de les mettre à profit et de les faire partager. C'était, à mon sens, indispensable de faire comprendre au gouvernement que l'on ne pouvait pas créer ex nihilo une métropole de 7 millions d'habitant sur un territoire sans grande culture de l'intercommunalité. L'apprentissage de l'intercommunalité et sa réussite passait par les territoires et leur construction pour les uns et leur plus grande intégration pour les autres. 

 

Présentez-nous l'Agence France Locale ?

L'Agence France Locale (AFL) est en premier lieu une idée politique et une conquête en matière de décentralisation. Cela fait très longtemps que les associations nationales d'élus souhaitaient plus d'autonomie sur le plan financier. Les crises financières de 2008 et 2011 et la faillite de Dexia ont renforcé cette volonté. L'idée est de disposer d'un outil bancaire pour se financer directement sur les marchés et de valoriser la bonne santé financière des collectivités locales françaises. Il faut également restaurer un lien de confiance dans la relation entre le prêteur et l'emprunteur. L'Agence France Locale est donc un outil bancaire unique créé par la loi de séparation et de régulation des activités bancaires de juillet 2013 qui permet aux collectivités qui le souhaitent de participer à la construction de la première institution financière issue de la décentralisation. En adhérant à la société territoriale les collectivités locales bénéficient d'offres de prêt pour financer leurs investissements et s'assurent contre le risque de manque de liquidité et d'augmentation des marges bancaires qui en découlent. Adhérer est à la fois un acte collectif parce qu'on participe à la construction de la première banque des collectivités locales, et un acte de bonne gestion parce que l'on rend sa collectivité plus concurrentielle vis à vis du monde bancaire et on se protège contre les aléas des marchés financiers.

 

Quel est votre sujet d'actualité ?

Il est de mieux faire connaître L'Agence France Locale, d'expliciter ce modèle unique et de permettre à tous ceux qui le souhaitent de pouvoir en bénéficier. Je me rends compte que le modèle est mal connu et parfois mal compris. Certains pensent que l'AFL n'existe qu'en cas de crise de liquidité ou qu'elle ne prête aux collectivités que de manière complémentaire aux autres établissements bancaires. Les élus ont souhaité créer, au contraire, un outil performant et très concurrentiel, ouvert à tous, finançant en permanence les collectivités locales. Après trois années d'activité opérationnelle, nous comptons 250 collectivités membres et nous avons prêté plus de 1,7 milliard d'euros. Ce lancement s'est opéré dans une période exceptionnelle en matière d'accès à la liquidité et de niveau des taux d'intérêt. Il était donc très important de démontrer la performance de l'AFL dans ce contexte. Malheureusement pour les collectivités locales, « la météo » est en train de changer, les taux d'intérêt remontent pour tenir compte de la croissance et de l'inflation et la Banque Centrale Européenne (BCE) met fin progressivement à son programme de « quantitative easing ». Nous entrons donc progressivement dans une autre période où l'argent sera moins abondant et plus cher. La bonne nouvelle c'est que l'Agence France Locale sera présente et opérationnelle pour accompagner les collectivités locales et démontrer pleinement sa mission d'intérêt général souhaitée par les élus.        

[26/02/2018]