Retour sur la cinquième session extraordinaire du club Prospective / 26 et 27 août 2021 à La Rochelle : « Crises sanitaire et démocratique, société fragmentée, conflits de valeurs, vieillissement de la population. Comment faire société demain, comment éviter le conflit de génération ? ».


Après les inégalités territoriales en 2019, la crise sanitaire et écologique en 2020, le club poursuit son exploration des fractures qui traversent le monde dans lequel nous vivons et s'est interrogé sur la ou les manières de faire encore société demain.

En ouverture de la matinée, Laure Adler, autrice de La Voyageuse de nuit, un essai mêlant réflexion sociétale et expérience intime, a souligné l'acuité de la question du vieillissement dans les sociétés occidentales qui font preuve, selon elle, d'une forme d'intolérance vis-à-vis des vieux. D'un point de vue démographique, Philippe Louchart, démographe à l'Institut Paris Région, a mis en évidence la diversité de la composition de la population française, en termes d'âges, comme en termes de classes sociales, d'origines, de langues, de culture, une diversité qui génère une très grande diversité de valeurs qui doivent cohabiter. En plaçant l'analyse au niveau de l'individu, les travaux de recherche de Camille Duthy, doctorante en sociologie à l'université de Grenoble Alpes, sur la solitude résidentielle et tout particulièrement sur les modes d'habitat partagé, permettent de dépasser l'association entre solitude et individualisme au profit de la notion d'individualité. D'un point de vue géographique, Chloé Voisin-Bormuth a montré que si le retour en grâce des villes moyennes illustrait l'appétence pour les espaces de vie individualisés et privatisés, l'attractivité d'un territoire restait encore majoritairement lié aux possibilités d'emploi locales.

Face à cette fragmentation de la société, disposer d'outils d'analyse et d'anticipation est indispensable. Pour Philippe Louchart, les projections démographiques, dont le parc de logements constituent le principal facteur de variation, sont des outils d'éclairages utiles mais qu'il est nécessaire d'accompagner par une analyse du contexte territorial. Stéphane Vincent, délégué général de la 27ème Région, a rappelé les principes du design des politiques publiques et sa conviction que la conception d'un service public est un processus qui exige des savoir-faire particuliers et qui doit s'inscrire dans une logique d'expérimentation. Il porte un regard favorable sur les créations croissantes de laboratoires d'innovation publique et sur l'émergence d'une dynamique de R&D publique et sociale qui reposerait sur la mise en réseau de ces différents laboratoires.

La prospective est une autre manière de penser et d'anticiper les innovations sociétales. A Nantes Métropole, cette démarche s'adresse aux élus et à l'administration, mais aussi à la société civile. La crise liée au Covid-19 a par exemple donné lieu à une convention citoyenne qui avait pour ambition de sortir d'une logique d'urgence pour analyser la manière dont la population du territoire avait vécu la crise et faire émerger des préconisations d'action. Enfin, la journée s'est achevée par la présentation d'un travail commun entre Grand Paris Sud Est Avenir et la communauté d'agglomération du SICOVAL autour des transformations numériques dans les services publics et au risque de décrochage d'une partie de la population par manque de compétences numériques. Pour éclairer cet enjeu de l'inclusion numérique, un indice de fragilité numérique a été expérimenté. A partir de l'observation et de l'analyse de différents facteurs de vulnérabilité numérique sur un territoire et une population donnés, il permet d'envisager des actions d'accompagnements adaptées.

[28/09/2021]