Interview de Célia Escurat, DGS de Haute Corrèze Communauté (71 communes, 33 330 habitants)


Interview de Célia Escurat, DGS de Haute Corrèze Communauté

Quel est votre parcours professionnel ?

J'ai intégré l'IEP de Lyon en 2002. Dans ce cadre et forte d'un intérêt pour les questions européennes, j'ai effectué un stage au Consulat de Barcelone et rédigé mon mémoire de fin d'études sur la question de l'intégration de la Turquie à l'UE. Ensuite, j'ai passé une année au Centre de Préparation aux concours de l'Administration Générale et une autre en Master 2 « Gestion des collectivités locales » à Clermont-Ferrand. À cette époque, je savais déjà que je voulais intégrer la fonction publique territoriale et même précisément une intercommunalité. Après mon stage au Conseil régional d'Auvergne (service des Fonds européens), j'ai passé mon concours d'attachée puis je suis devenue DGS de la communauté de communes Ussel-Meymac Haute-Corrèze (19 communes – 17 000 habitants) sur mon territoire actuel avant la fusion. J'ai grandi avec le territoire, j'ai beaucoup appris en participant notamment à l'élaboration du projet de territoire et à la coordination de mes premières équipes.

Depuis janvier 2017, je dirige les services de Haute-Corrèze Communauté fruit de la fusion de 6 intercommunalités représentant 71 communes et 34 000 habitants sur 2 départements.

Tout au long de mon parcours sur ce territoire, j'ai eu la chance d'avoir des élu(e)s exceptionnel(le)s qui m'ont fait confiance et qui m'ont permis de mobiliser toute mon énergie pour le territoire où je suis née. En 2014, un premier président a fait le pari de la jeunesse, en 2017 j'ai travaillé avec une présidente inspirante qui m'a permis de développer mes capacités et de gagner en confiance puis, avec mon actuel président, je mets en œuvre ces enseignements en développant l'innovation et l'expérimentation pour répondre aux grandes transitions que nos intercommunalités connaissent depuis quelques années et qui ont été accélérées par la crise sanitaire.

 

Quel a été le projet marquant de votre carrière ?

 

La fusion bien sûr. C'est un projet extraordinairement formateur mais éreintant qui a commencé en 2015. Le contexte politique et les évolutions institutionnelles ont permis de convaincre les élus de l'importance d'une fusion plus ambitieuse que celles qui avaient été imaginées. Ensuite, nous avons lancé une étude d'impacts et pendant 6 mois nous avons travaillé avec mes collègues à la construction de ce nouveau territoire et à l'accompagnement au changement de nos équipes. Cette phase a été particulièrement complexe car en plus des nombreux sujets à traiter ; la culture territoriale à construire, le projet d'administration à monter etc… il y avait bien sûr en filigrane la question du futur organigramme ce qui a bien évidemment instauré quelques rapports de force pas toujours agréables lors de cette période déjà tendue. Mais cette aventure a été un véritable laboratoire humain instructif et passionnant, j'ai appris la patience, l'écoute, le respect et la considération de chaque réflexion. Avec du recul, je me rends compte que même si l'entreprise s'avérait gigantesque, ce bigbang représente ma plus belle expérience professionnelle. C'est une excellente école même si je regrette le manque d'accompagnement de l'État qui aurait pu nous conseiller et nous aiguiller pour mettre en mouvement et faire prendre conscience du changement plus rapidement.

Aujourd'hui, après une période très difficile, des départs, beaucoup de travail, un accompagnement RH qui comprenait notamment le coaching de tout le top management, je peux compter sur une équipe de direction structurée, composée en partie des DG des anciennes intercommunalités, qui nous permet de créer cette nouvelle histoire, car cela reste une expérience exceptionnelle malgré toutes les épreuves !

 

Qu'est que l'ADGCF vous a apporté ?

 

J'ai très tôt adhéré à l'association en ne connaissant ni véritablement son fonctionnement et ses services (à l'exception de la plateforme).

Très vite, j'ai été contactée par Marie-Noëlle Anduru qui, en plus d'être dans la même région, occupait le poste de secrétaire nationale à l'époque. Elle m'a fait connaître les Universités d'été. Le fond, la qualité de ce moment unique pour les dirigeant(e)s de territoires que nous sommes m'a fait découvrir toutes les dimensions de l'association : think tank qui permet de prendre de la hauteur, centre de publications et d'informations et véritable lieu d'échanges entre pairs.

Aujourd'hui, j'ai choisi d'être déléguée régionale NA pour promouvoir cet outil à disposition des DG qui facilite l'exercice de nos fonctions au quotidien en ayant des échanges pertinents sur tous les sujets.

Pour finir, j'ai eu l'opportunité de bénéficier du programme de mentorat proposé par l'association et c'est une initiative qui, en plus de rassurer, nous fait du bien, en nous remettant en question en toute liberté et surtout en étant soutenue. Nous sommes sur des postes où la solitude et l'abnégation sont très présentes. Par conséquent, nous avons grandement besoin d'échanger et d'avoir un regard bienveillant qui comprenne véritablement notre quotidien et nos responsabilités.

 

À quoi, à qui ressemblera la/le DG de demain ?

 

Pour moi, c'est une femme ou un homme qui devra nécessairement être visionnaire pour sortir de la gestion quotidienne de plus en plus complexe de nos « boutiques ».

Le DG de demain qui, selon moi, est déjà celui d'aujourd'hui, doit être le véritable ensemblier qui donne corps, forme au projet politique car doté de qualités relationnelles, humaines et d'un super pouvoir : la capacité de s'écouter et de se dégager du temps - car le DG de demain devra impérativement être un DG qui accepte de se préserver face à ses fonctions énergivores et usantes. Un DG en bonne santé, ce sont des élus et des agents satisfaits !

[29/09/2021]