Nicolas Pernot, DGS de la Région Grand Est


Portrait de Nicolas Pernot

Bonjour Nicolas PERNOT. Vous êtes directeur général des services de la Région Grand Est depuis 2018. Quel est votre parcours professionnel ?

Formé aussi bien aux affaires publiques (Sciences Po) qu'aux enjeux entrepreneuriaux (ESSEC), j'ai débuté mon parcours dans le privé, chez Kraft Food (aujourd'hui Mondelez) avant de rejoindre les cabinets du Président du Conseil général de Haute-Loire puis du Ministre de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, de 1995 à 1997. C'est depuis cette date que j'ai endossé des fonctions de direction générale en collectivités, d'abord comme DGA au Conseil général des Pyrénées Atlantiques, puis au Havre où j'ai ensuite occupé les postes de DGS de la Ville puis de l'Agglomération. Avant de rejoindre le Grand Est, j'ai également assuré les fonctions mutualisées de DGS de la Ville et de la communauté d'agglomération de Pau.

  

En tant que cheffes de file de l'aménagement du territoire, la région et les intercommunalités sont en première ligne sur la mise en œuvre de l'objectif de zéro artificialisation nette (ZAN), et plus globalement des politiques d'adaptation au changement climatique. Selon vous, quels sont les enjeux communs auxquels font face les intercommunalités et les régions et comment peuvent-elles travailler de concert pour y répondre ?

Au fil des années, les Régions et les intercommunalités ont été renforcées dans le couple qu'elles forment notamment pour l'aménagement du territoire. Les unes assurent souvent un rôle de chef de filat, la formulation d'une approche stratégique, les autres veillent à une déclinaison planifiée de cette dernière. La sobriété foncière et plus largement climatique constitue LE grand défi de nos collectivités « aménageuses du territoire ». Pour le relever, Régions et intercommunalités doivent impérativement se coordonner dans la phase de modification des schémas, notamment du SRADDET, pour identifier les projets des territoires et formuler les règles qui permettront de poursuivre un développement intelligent. La CTAP est un outil parmi d'autres pour y parvenir mais les échanges non institutionnalisés, entre techniciens, sont indispensables.

 

Comment la région Grand Est accompagne-t-elle les intercommunalités dans les politiques de transition ?

Comme toutes les Régions, nous sommes bien sûr aux côtés des intercommunalités en leur apportant les fonds européens dont nous assurons la gestion déléguée, et la nouvelle programmation 2022-2028 a d'ailleurs été conçue en concertation avec elles. Comme toutes les Régions, toujours, nous allons déployer demain, sur les bassins de mobilités, des contrats opérationnels qui contribueront à la transition écologique. Mais, avec un focus plus particulier sur le Grand Est, je veux citer deux illustrations. D'une part, dès 2020, devançant même la démarche des CRTE, la Région a souhaité accompagner les territoires vers la sortie de la crise sanitaire et s'engager dans une démarche de soutien offrant une visibilité globale. De manière innovante, nous sommes parvenus, avec les services de l'Etat en région, à proposer, notamment aux intercommunalités, un cadre unique : les Pactes Territoriaux de Relance et de Transition Ecologique. Il s'agit à court terme d'associer les territoires à la relance de l'économie mais aussi, dans la durée du mandat municipal 2020-2026, d'accompagner les collectivités dans leur projet de territoire. Conclu à un niveau intercommunal ou supra, le PTRTE permet une convergence progressive des contractualisations préexistantes ; il est évolutif via une revoyure annuelle. Autre illustration, naissante, de notre accompagnement innovant : notre projet d'Agence Régionale des Transitions Ecologiques. Si la forme de la réponse reste encore à préciser : l'objectif est simple. A l'heure où les ressources se raréfient et le besoin de préservation de l'environnement se renforce, la « compensation » deviendra l'un des maître-mots. Compensation foncière, compensation carbone, etc. : l'idée de l'agence est de proposer des mécanismes de compensation aux projets portés par la Région, mais aussi d'agir en intermédiaire « massifiant » pour les projets d'autres acteurs, dont les intercommunalités.

 

Vous avez été DGS d'intercommunalité avec de rejoindre la Région Grand Est. En quoi cette expérience vous est utile aujourd'hui dans l'exercice de vos fonctions ?

De mes expériences intercommunales, deux enseignements m'auront été plus particulièrement utiles au moment d'aborder mes nouvelles fonctions régionales il y a quatre ans. L'un est d'ordre fondamental : de toutes les collectivités, l'intercommunalité est certainement celle qui implique le plus de collégialité, de discussion au quotidien. Là où l'action municipale repose très fortement sur la confiance qui lie la tête de l'exécutif, le Directeur de cabinet et le DGS, l'intercommunalité suppose un dialogue nourri : avec les Maires et les DGS des communes, entre les vice-présidents de convictions parfois différentes… et avec la Région bien sûr. L'action régionale requiert également une collégialité de l'équipe exécutive et des échanges réguliers avec les collectivités infra. L'autre enseignement de mon passé intercommunal aura été plus « conjoncturel ». J'ai travaillé en intercommunalité dans la dizaine d'années qui ont suivi les lois de Réforme des Collectivités Territoriales (RCT) puis NOTRe. J'ai trouvé des administrations en restructuration et en pleine expansion. A une échelle différente, c'est aussi ce que j'ai dû appréhender en arrivant en Grand Est, seulement deux ans après la naissance de cette grande région.

 

[23/11/2022]