Rencontre avec Giuseppe Bettoni, professeur à l'université de Rome
"Métropolisation et globalisation : deux dynamiques qui se percutent aujourd'hui"


Interview de Giuseppe Bettoni

Expert en géopolitique ayant étudié à l'Université de Bologne en Italie, Paris 8, la London School of Economics and Political Science et l'University College of London, Giuseppe Bettoni interviendra pour la troisième fois lors des 10e Universités d'Eté du Grand Bornand.

En amont de son intervention, il revient sur son parcours et sur sa perception de l'aménagement du territoire en France. Pour lui, « la solidarité intercommunale à l'épreuve des fractures territoriales » est plus que jamais d'actualité. 

 

Quel est votre parcours professionnel ?

J'ai toujours été universitaire et consultant pour les collectivités territoriales. En tant qu'universitaire, j'interviens à Paris, Londres, Milan et Rome. Je me suis spécialisé à la fois dans le domaine du développement local et de la géopolitique en partant à chaque fois des conflits émergeant du contrôle d'un territoire. J'ai également accompagné deux ministres dans leur travail comme consultant.

Parallèlement, j'ai aussi développé une activité de coaching. Grâce à mon travail, je me suis rendu compte que la dimension psychologique est fondamentale pour mieux communiquer et mieux agir. 

 

Au vu de votre parcours, quel regard portez-vous sur l'aménagement du territoire en France ?

Les Français ont inventé deux concepts fondamentaux de développement territorial : les politiques liées à la préservation des paysages et l'aménagement du territoire. Ces deux concepts sont basés sur le rôle central de l'acteur public sur le territoire. C'est un regard de qualité que je respecte personnellement beaucoup et grâce auquel j'ai pu beaucoup apprendre, mais qui a un parti pris : celui d'aller du haut vers le bas. 

 

Quel est votre lien avec l'ADGCF et notamment les Universités d'Eté dans lesquelles vous intervenez depuis maintenant 3 ans ?

J'ai déjà été sollicité par plusieurs établissements publics de formation pour intervenir auprès des directeurs généraux. C'est un public que je connais bien car, avant même de venir au Grand Bornand,  j'avais déjà beaucoup travaillé avec eux. J'ai toujours pensé que même si l'élu est le décideur politique dans les collectivités, le DG doit décliner l'action en véritable chef d'orchestre. Pour moi, concilier l'action politique à la machine est la partie la plus complexe. Il y a eu une grande similitude entre le métier de DG dans les intercommunalités et mon travail car, comme eux, j'ai concentré mes études sur l'analyse du système d'acteurs qui organise le territoire. 

 

Qu'évoque pour vous le thème de nos 10e Universités d'Eté : « la solidarité intercommunale à l'épreuve des fractures territoriales » ?

Je n'aurais pas pu imaginer une thématique plus à jour. Cette thématique regroupe deux éléments fondamentaux. La métropolisation et la globalisation sont deux trajectoires pressenties depuis très longtemps mais qui ne se rencontrent qu'aujourd'hui et nous obligent à en parler. Nous devons comprendre le rôle des zones métropolitaines, de ce qu'elles deviennent non pas comme partie dans l'Etat, mais plutôt influencée par une évolution planétaire qu'est le phénomène de mondialisation. Une mondialisation qui parvient à mettre quelque peu à l'écart l'Etat. Cette rencontre entre métropole et mondialisation est quelque chose de très typique sur laquelle nous devons travailler car nous percevons aujourd'hui des phénomènes que l'acteur étatique n'est plus en capacité de gérer. 

[04/07/2017]