Interview de Benjamin FERNIOT, Directeur du Développement et des Relations institutionnelles France


Interview de Benjamin FERNIOT

Comment SUEZ appréhende les différentes réformes territoriales ?

Nous vivons un moment de grande mutation de l'organisation territoriale. D'abord la loi de Modernisation de l'Action Publique dans les Territoires et d'Affirmation des Métropoles (MAPTAM). Puis la création de 13 grandes régions. Et enfin la loi Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe). Ce sont des étapes majeures pour les territoires, les élus et les citoyens mais aussi pour les acteurs économiques comme SUEZ dont l'ancrage territorial est très fort.

Pour nos métiers, que ce soit dans l'eau, le traitement de l'eau, les déchets ou l'ingénierie, nous devons adapter notre organisation en interne mais aussi  adapter la manière d'accompagner les clients pour anticiper ces changements dans la gestion des services publics.

J'ajouterais à ces réformes, la loi créant les SEMOP qui peut apporter une solution moderne et innovante en matière de contractualisation avec les collectivités avec une gouvernance plus partagée et transparente.

 

Concrètement quels sont les impacts de cette réforme ?

A partir de 2020 les compétences en matière d'eau, d'assainissement reviennent obligatoirement aux intercommunalités et les déchets à partir de 2017.  Nos interlocuteurs de demain seront les services et les élus des intercommunalités quand aujourd'hui, ils pouvaient être des communes, des intercommunalités, des départements ou des syndicats. Par ailleurs, cela va réduire considérablement le nombre de contrats puisque le nombre d'autorités adjutatrices va diminuer.

Le seuil pour créer une intercommunalité passe de 5000 à 15000 habitants. Nous aurons donc en face de nous des interlocuteurs plus forts, avec des exigences et des problématiques différentes.

La planification de la gestion des déchets se fera désormais au niveau régional et plus au niveau départemental. Là encore, la problématique de la gestion des déchets ne sera plus la même en passant d'une vision de 100 départements à celle de 13 régions ce qui aura un impact sur la gestion des centres de gestion et de tri des déchets.

Le phénomène métropolitain va aussi faire naître de nouvelles problématiques urbaines et d'aménagement des villes auxquelles nous devrons répondre avec des solutions concrètes pour les élus en matière de changement climatique, de préservation de la ressource, de santé et de qualité de l'air.

Mais légitimement, des questions se posent sur les conséquences et les implications concrètes et notamment pour les collectivités qui devront mettre en œuvre ces dispositions. Comment garantir un service efficace et de proximité sur des territoires étendus ? Quelle gouvernance de ces services ? Quel coût pour la collectivité ? Ce sont à ces questions que nous devons répondre par un accompagnement et une offre adaptée aux spécificités et aux attentes de chaque territoire.

 

Et pour SUEZ, cela change la manière de proposer vos services ?

Nous entendons ce que nous disent nos clients. Adaptez-vous, proposez des solutions innovantes ! Nous avons l'obligation de nous structurer sur les territoires, d'être plus forts, plus présents. C'est une nécessité à l'heure où les territoires changent et se structurent. Les collectivités locales expriment une forte attente de coordination dans nos approches.

Ces enjeux exigent d'apporter une réponse nouvelle. Nous avons besoin d'avoir une action qui allie coordination, cohérence et synergie.

Le premier acte a été en mars 2015 de réunir l'ensemble des activités du Groupe (Lyonnaise des eaux, Sita, Degremont, Safege) sous une marque unique SUEZ. C'est une transformation symbolique vers un Groupe plus transversal, intégré, uni et innovant.

Ensuite, nous avons mis en place depuis le 1er janvier 2016 une organisation décentralisée du Groupe. Ainsi, ont été désignés 80 des délégués territoriaux qui seront les référents SUEZ dans les territoires.

 

On parle beaucoup de smart, de nouvelles technologies, de villes connectées : avez-vous intégré ces données ?

L'innovation technologique et numérique répond aux besoins des collectivités, facteur de modernisation et de dynamisation des territoires. Elle facilite la gestion de l'action publique en permettant une gestion plus efficace des données et du service. Elle permet aussi s'agissant de l'environnement, une gestion plus sobre des ressources.

Par exemple, à Bordeaux, SUEZ a développé Aquadvanced, un outil smart de gestion du réseau pluvial en cas d'épisodes pluvieux intenses qui permet de maîtriser le risque d'inondation urbaine et de faire face à la recrudescence des épisodes météorologiques extrêmes.

Nous avons inauguré à Lyon le premier centre de contrôle Viso 360° composé d'outils technologiques qui permettent de suivre en temps réel les réseaux d'eau de 763 collectivités sur l'ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Avec le projet Biovalsan à Strasbourg, nous avons été pionnier dans la production à partir des eaux usées de la station d'épuration d'un gaz vert injecté dans le réseau de gaz Ville de Strasbourg.

Ce sont des exemples qui seront à moyen terme généralisés à tout le territoire. C'est par et avec l'innovation que nous parviendrons à construire les villes et territoires durables de demain.

[21/06/2016]