« La raréfaction de la ressource est une fenêtre d'opportunité »

Ancien DGS de la communauté de communes de la Montagne Thiernoise (9 communes, 7700 habitants), aujourd'hui responsable de la politique de  la  ville  au sein de la commune de Thiers (11 200 habitants), Christophe Castanié souligne les vertus de l'assèchement de la ressource publique.


Portrait de Christophe Castanié

Quelles sont les principales étapes de votre parcours territorial ?

Après un DEUG de géographie, une licence et une maîtrise en aménagement du territoire ponctuée par un DESS en développement territorial, le tout obtenu à l'Université de Montpellier III, je souhaitais m'orienter vers un métier connecté aux territoires. J'ai toujours était curieux et intéressé par la géopolitique ; ce cursus universitaire alliant apprentissages théoriques aux stages en entreprises et collectivités était la réponse à mes  aspirations. J'ai débuté ma carrière professionnelle en cabinet d'études. C'était en 1998. Et puis rapidement, j'ai eu envie de rejoindre la territoriale car la frustration de ne pas pouvoir mettre en œuvre les orientations préconisées était trop forte! J'ai ainsi pris la direction d'un syndicat d'études, regroupant 23 communes et 10 000 habitants dans le nord Aveyron, spécialisé dans l'assistance à maîtrise d'ouvrage dans le domaine de l'habitat et du conseil en développement touristique. J'y suis resté deux ans. A l'issue de cette première expérience dans la territoriale, je suis devenu DGS de la communauté de communes de la Montagne Thiernoise. C'était en 2001. La structure avait été créée en 1993, mais, dans la foulée de la promulgation de la loi Chevènement, les élus ont eu l'ambition de franchir un cap et de constituer une vraie intercommunalité de projet. A la tête d'une équipe de 35 agents, je me suis pleinement engagé dans la mission. C'était passionnant ! Nous avons mené de nombreux chantiers et étoffé au fur et à mesure les compétences de la communauté : enfance et jeunesse, actions économiques et touristiques, agriculture, sans oublier la construction de nouveaux équipements et le déploiement d'une politique événementielle… Bref, nous avons fait de la communauté un réel outil de développement territorial. D'un point plus personnel, si je suis entré dans la fonction de DGS en tant que contractuel, je suis devenu attaché en 2006.

 

Vous êtes aujourd'hui responsable de la politique de la ville au sein de la commune de Thiers. A l'aune de votre précédente expérience, quelles distinctions faites-vous entre le fonctionnement d'une commune et celui d'une communauté ?

J'ai pris ce poste en mars 2015. Le contrat de ville, bien que relevant d'une compétence communautaire, est surtout porté par la ville-centre qui a deux quartiers ciblés politique de la ville, dont un ANRU. Historiquement, c'est un territoire marqué par l'industrie métallurgique, la plasturgie et la coutellerie qui a été touché de plein fouet par la crise au milieu des années 2000. Autrement dit, c'est un territoire qui s'est paupérisé. A cet égard, le contrat de ville est un vrai instrument de redynamisation territoriale. Surtout, il doit permettre de renouer le lien avec les habitants. Je constate en effet une nécessité  pour le pouvoir politique d'interroger les besoins réels des habitants de ces quartiers. C'est pourquoi nous allons créer en septembre deux conseils citoyens. L'idée, c'est de coller davantage à leurs demandes, de mieux les identifier et de financer les actions qui pourront émerger. Parce qu'on ne peut plus aujourd'hui continuer à financer des actions à tâtons, au doigt mouillé. A cet égard, la raréfaction de la ressource est une fenêtre d'opportunité. Elle oblige les élus à questionner le spectre des services que dispense la commune ; elle oblige aussi à repenser le modèle de fonctionnement du bloc local, parce que la différence entre commune et intercommunalité est là : ici, au sein de la commune qui regroupe 350 agents, il n'y a pas de réelle culture du projet et de la transversalité. La diminution des moyens conduit les élus à revoir le fonctionnement de la commune et, en parallèle, à faire monter en puissance la communauté de communes de Thiers et à mutualiser. Bref, l'assèchement de la ressource à ses vertus !

 

Qu'attendez vous de l'ADGCF ?

Ici, on a la culture du réseau. A l'origine, c'est le parc régional Livradois-Forez qui a suscité la création des intercommunalités et la dynamique de coopération entre les acteurs locaux et les institutions du territoire. Aujourd'hui, je crois que l'on a besoin de nouvelles scènes d'échanges entre élus et techniciens ; il faut que l'on se parle davantage. L'ADGCF nous apporte de l'information sur les évolutions législatives et sur les bonnes pratiques. Il faut aujourd'hui qu'elle crée des passerelles avec les élus. A cet égard, le rôle de support technique joué par l'association dans le processus de régionalisation de l'AdCF me semble aller dans le bon sens.

[27/07/2015]