Alexandra Daval, responsable du Pôle Développement Economique à la Communauté de Communes du Pays entre Loire et Rhône (16 communes, 13 700 habitants), présidente d'ARADEL (Association Rhône-Alpes des développeurs économiques locaux)


Alexandra Daval

Quelles sont les principales étapes de votre parcours territorial ?

J'ai orienté très tôt mon parcours vers les métiers du développement territorial. Après des études universitaires de sociologie et de science politique, j'ai fait un Master en développement territorial à l'IEP de Grenoble et j'ai effectué en parallèle plusieurs missions dans les secteurs de la démocratie participative et de la politique de la ville à la Mairie de Villeurbanne puis de Roanne. J'ai dès le départ fait le choix de rejoindre la fonction publique territoriale en passant le concours d'Attaché. J'ai ensuite été nommée en 2006 dans l'intercommunalité où je suis encore aujourd'hui, d'abord comme chargée de mission développement économique, puis comme Responsable du Pôle Développement Economique, rattachée directement à la DGS. Le Pôle intervient sur les champs « classiques » de l'Economie, sur le tourisme et l'agriculture.

Il y a 10 ans, je n'aurais pas pensé rester aussi longtemps dans la même structure, mais c'est un territoire et une intercommunalité extrêmement dynamiques. J'ai eu de vraies opportunités d'évolution, et je me retrouve à 100% dans le projet de territoire et dans la ligne managériale impulsée par notre Directrice. De plus, la taille de la structure (60 salariés) est idéale pour travailler efficacement en équipe et en transversal. Elle permet aussi d'avoir un poste très polyvalent avec une dimension à la fois opérationnelle et stratégique. J'apprécie beaucoup cette double entrée.

Parallèlement à ce parcours territorial, j'ai rejoint en 2011 le Conseil d'administration de l'ARADEL, l'Association Rhône-Alpes des développeurs économiques locaux qui rassemble 900 adhérents, dont j'ai pris la Présidence en décembre dernier.

 

Quel projet professionnel a été particulièrement marquant ? 

C'est le 1erprojet d'envergure qui a marqué pour moi le passage d'un poste de chargé de mission à un poste de manager. Il s'agissait de la reprise en régie et l'aménagement muséographique d'un site touristique « le Château de la Roche », qui compte parmi les incontournables du département de la Loire. Nous avions initialement prévu une DSP, mais nous avons finalement décidé de gérer le site en régie au vu des offres qui n'étaient pas en phase avec nos attentes. Nous avons alors recruté une équipe de 4 personnes, et j'ai ainsi découvert les fonctions de direction d'établissement touristique, avec son lot de problématiques managériales, commerciales, juridiques et financières. Ca a clairement marqué un tournant dans mon parcours.

L'autre expérience notable, c'est un projet de relocalisation d'un sous-traitant d'un grand groupe du luxe qui était implanté depuis de nombreuses années à Madagascar. Face à la demande soudaine du groupe de relocaliser une partie de la production en France pour conserver l'appellation « made in France », il fallait trouver en 4 mois un site disponible, recruter 50 salariés et accueillir 48 formatrices malgaches sur 2 ans pour « réintroduire » ce savoir-faire disparu en France depuis près de 20 ans.

On a mobilisé tous nos partenaires locaux sur ce projet : le Sous-préfet et la DIRECCTE pour obtenir les autorisations de séjour des formatrices dans un délai record, un architecte qui a chiffré et proposé un projet de réhabilitation d'une friche textile en 15 jours, l'Agence de développement et le département pour mobiliser des subventions et monter le plan de financement, Pôle emploi pour la mise en place de méthodes de recrutement spécifiques à ce savoir-faire, la CCI, et les associations locales pour mettre en place un « comité d'accueil » des malgaches.

Nous étions plusieurs territoires positionnés pour l'accueil de cette entreprise, et même si nous partions a priori comme les « outsiders », la rapidité de réponse à leurs attentes, la capacité de mobilisation de tous nos partenaires, et la confiance que nous avons collectivement créée, a fait la différence !

 

Quel est votre dossier d'actualité?

Nous venons de lancer un projet d'installation d'une ferme en maraîchage biologique, après 3 ans de travail et de mobilisation de nos partenaires agricoles.

Le point de départ de ce projet a été notre Agenda 21. Nous avions pointé le développement de la filière maraîchère comme un enjeu fort, face à la carence de l'offre et à une demande grandissante des consommateurs et de la restauration collective. Dans un territoire où nous avons 95% d'élevage et où l'installation dans des productions nouvelles est extrêmement difficile, l'intercommunalité a dû jouer un rôle de facilitateur et d'accélérateur. Nous avons ainsi acquis 5 ha de foncier irrigué, mobilisé des financements régionaux et européens, trouvé une exploitante, et nous lançons actuellement la construction d'un bâtiment d'activité. Au terme de l'opération, nous revendrons le site à Terre de liens, association dont la vocation est de maintenir le foncier agricole et faciliter les installations hors cadre familial, qui le louera à l'exploitante.

 

Qu'est-ce que vous apporte l'ADGCF ?

Je trouve à l'ADGCF des ressources très pointues sur les problématiques des postes de direction et les questions liées à l'intercommunalité, notamment sur les volets juridique, financier et la réforme territoriale. C'est très complémentaire de ce que m'apporte ARADEL sur le champ du développement économique.

Un réseau comme l'ADGCF permet aussi d'être prospectif, d'anticiper les mutations qui impactent nos métiers et d'influer collectivement - et donc plus fortement - sur des politiques nationales et régionales. L'enquête et le travail en cours  sur l'évolution du statut, ou encore la contribution de la délégation régionale sur les SRADDET et SRDEII sont des apports importants.

En tant que Présidente d'un autre réseau, ARADEL, je suis évidemment convaincue par la plus-value et le caractère indispensable du réseau pour échanger sur nos pratiques, nos difficultés, capitaliser sur les retours d'expérience, trouver des infos très rapidement et être plus agiles au quotidien. C'est le facteur de réussite n°1. Je trouve que les apports d'un réseau professionnel se jouent aussi beaucoup dans tout ce qui est informel.

Les temps de convivialité proposés lors des rencontres de l'association sont d'appréciables occasions de « respiration » et de création de liens, dont nous avons particulièrement besoin dans ce contexte territorial compliqué.

[15/11/2016]