Olivier Boucherie – Directeur du PETR Pays Portes de Gascogne (5 communautés de communes - 56 201 habitants) évoque les nouvelles formes de partenariat associant les territoires urbains et ruraux.


Portrait de Olivier Boucherie

Quel est votre parcours ?

Mes études initiales se sont déroulées dans les domaines de l'environnement, du paysage et du développement local. J'ai terminé par un master II aménagement et projets de territoires. Après un début de parcours professionnel dans le privé pendant presque 5 ans, j'ai rejoint le public en 1998 où j'ai été recruté en tant que chargé de mission environnement pendant 4 ans dans un contrat de terroir. Celui-ci était composé de 38 communes rurales situées dans le Gers, partie Midi-Pyrénées de la nouvelle Région Occitanie Pyrénées Méditerranées. Dans le cadre de la mise en place des Pays (loi Voynet), ce territoire s'est regroupé au début des années 2000 avec deux autres territoires pour former un seul Pays, le Pays Portes de Gascogne, territoire de 72 000 habitants aujourd'hui. J'ai été recruté en tant que chargé de mission développement durable puis coordonnateur du programme européen LEADER. En 2008, je suis devenu directeur du Pays qui s'est transformé en 2014 en syndicat mixte de PETR. En ces quasiment 20 années de pratique professionnelle dans le développement territorial, j'ai pu assister sur ce territoire à la mise en œuvre du concept de développement durable, à la création des communautés de communes et à leur évolution, à la transition écologique et énergétique, à l'apport bénéfique de l'Europe à nos territoires et à la naissance des Pôles d'Equilibres Territoriaux et Ruraux.

 

Quelles sont vos modalités d'intervention avec les intercommunalités ?

Les communautés de communes sont au nombre de 5 sur notre territoire, trois comptabilisent environ 10 000 habitants et deux 20 000. Elles regroupent 169 communes au total dont la plus grande qui atteint 10 000 habitants. C'est donc un territoire rural, même s'il est bordé en sa frange Est par une métropole, Toulouse. Le partenariat avec les intercommunalités s'est constamment renforcé depuis une quinzaine d'années. Je dirais qu'il a connu trois phases. Une première phase où les communautés communes se mettaient en place et où nos interlocutrices principales étaient les communes. Une deuxième phase ou les communautés de communes ont été renforcées dans leurs compétences et où leur rôle s'est développé sur le territoire. Enfin, une troisième phase où les communautés de communes sont devenues les interlocutrices référentes et incontournables du développement du territoire. Je pense même qu'à terme, l'agrandissement des intercommunalités finira par coïncider avec les périmètres des Pays PETR. C'est déjà ce qui arrive dans pas mal de territoires en France. Les Pays PETR auront alors été en quelque sorte des préfigurateurs d'intercommunalités. Et c'est vrai que notre Pays a joué un rôle important dans le domaine de la coopération intercommunale.  Pour ne citer que deux exemples, notre territoire travaille depuis le départ dans le champ de la culture, un peu comme une intercommunalité culturelle. C'est une compétence que n'avaient pas les EPCI du territoire. Le Pays s'est donc structuré depuis 15 ans pour porter sur tout le territoire des projets et une communication culturelle dans les champs des écritures, de l'art et de l'environnement, du numérique ou du street Art. Par ailleurs, dans le champ du tourisme et de la transition énergétique, nous développons en ce moment avec elles un projet de nouvelles mobilités avec la mise en place d'un projet « vélo-cités » ou le PETR investit pour le compte des collectivités avec une flotte de vélos électriques à déployer sur des vélos routes en cours de matérialisation.

 

Quelle sont vos sujets d'actualité ?

Plusieurs sujets sont actuellement d'actualité. Comme beaucoup de territoires en France, nous venons de mettre en place un contrat de ruralité. C'est une nouvelle forme de coopération avec les services de l'Etat qui est très prometteuse, au-delà même de l'aspect financier. Elle donne la possibilité aux territoires de coopération intercommunale (Pays PETR) de se responsabiliser et de prioriser eux-mêmes les projets structurants qui dépassent les périmètres  des EPCI. L'autre sujet particulièrement important est celui que porte notre Président Raymond VALL, sénateur du Gers, la coopération avec Toulouse Métropole. Nous sommes actuellement en train de finaliser l'écriture d'un contrat de réciprocité qui ouvre de perspectives de partenariat extrêmement  intéressantes dans les champs de l'économie, du tourisme, de la culture, des nouvelles mobilités et plus largement des coopérations urbain rural, sujet essentiel pour l'avenir de tous les territoires en France.

 

L'ADGCF propose aux directeurs de PETR d'adhérer à l'association depuis le 1er janvier dernier, qu'en-pensez-vous ?

J'en pense le plus grand bien ! (sourire). Les PETR et Pays sont des outils au service des EPCI. Je pense même que les PETR Pays pourraient devenir à moyen terme leurs services développement territorial. Plus nos liens seront étroits et la connaissance de ce qui se fait en France grande grâce au réseau ADGCF, plus une articulation intelligente, innovante et anticipée pourra se mettre en œuvre. Vive le décloisonnement, vive les coopérations !

[07/04/2017]