DGS de la Communauté d'agglomération de St Omer (53 communes – 105 000 habitants)


Portrait d'Emmanuel Auber

Quel est votre parcours professionnel ?

Mon parcours professionnel m'a apporté une vision assez complète des systèmes territoriaux, ayant exercé des métiers diversifiés dans la territoriale, à la fois dans les « ressources » (juridiques et financières) et l'opérationnel (services à la population), au sein de collectivités, tant urbaines que rurales.

Après avoir travaillé à la mairie de Paris dans des fonctions juridiques et de DAF, j'ai pu revenir dans ma région d'origine, en Normandie, comme DGS d'une communauté de communes de dans l'Eure. Il s'agissait d'un EPCI rural et très intégré. En plus du management des équipes administratives et techniques, je me suis à ce moment-là investi dans la structuration des fonctions supports, notamment la dématérialisation de la gestion des temps, la création d'un intranet collaboratif, l'optimisation budgétaire et la négociation de l'intégration de la ville-centre. L'interface avec les associations nationales d'élus relevait aussi de mes missions.

A l'issue de cette expérience professionnelle particulièrement instructive, où j'ai pu percevoir que la variété des missions qui fait le sel de nos métiers dans la territoriale, j'ai été amené à passer le concours de l'INET. Au cours de cette formation, en partie à Strasbourg et en partie en collectivité, j'ai effectué les missions que je souhaitais, dans collectivités très différentes (étude sur l'ingénierie territoriale du département de l'Essonne, sécurisation des conventions de mutualisation des services entre la ville du Mans et Le Mans Métropole, étude préalable à la constitution du pôle métropolitain de la Côte d'Opale pour le compte de la Communauté Urbaine de Dunkerque, étude d'optimisation des financements privés de la ville de Nanterre), mais aussi une immersion à Redcar et Cleveland, une collectivité du Nord de l'Angleterre, ce qui a donné lieu à un rapport collectif édité par le CNFPT (« Les collectivités anglaises ont-elles encore les moyens de leur performance ? » Regards français sur une action publique locale en crise, rapport CNFPT, déc. 2013 - traduit in J. Liddle, European Public Leadership in Crisis ?, Emerald, 2014). J'ai aussi eu l'occasion de travailler avec le cabinet KPMG sur les modalités d'exercice des fonctions de direction générale dans les grandes collectivités. Au total, l'INET m'est apparu comme une école d'application qui laisse beaucoup de liberté de choix aux élèves - et c'est très appréciable.

A la sortie de l'INET, j'ai été recruté par l'ancien sénateur D. Braye, qui était alors président de l'ANAH et de la Communauté d'Agglomération de Mantes en Yvelines. Détaché sur l'emploi fonctionnel de DGA du pôle cohésion territoriale et solidarité de cette agglomération des Yvelines, j'ai là encore exercé des missions variées et passionnantes, mais cette fois-ci centrées sur le pilotage des services de proximité aux habitants, avec, derrière, l'enjeu de rendre visible l'agglomération. Au sein de ce territoire incluant le quartier sensible du Val Fourré de Mantes-la-Jolie, j'ai contribué avec mes équipes à développer le partenariat avec les acteurs associatifs, assuré le suivi et la négociation des contrats de DSP des équipements structurants et, bien entendu, la gestion des ressources du pôle en lien avec les services supports.

J'ai ensuite profité de l'absorption - en application de la loi NOTRe - de l'agglomération de Mantes en Yvelines par la nouvelle communauté urbaine, pour effectuer ma mobilité statutaire à Saint-Omer (Pas-de-Calais), d'abord comme DGA ressources et chargé de la fusion des 4 intercommunalités de l'Audomarois, puis comme DGS de la nouvelle Communauté d'agglomération du Pays de Saint-Omer, une agglomération XXL (53 communes, 600 agents, budget de 212 millions d'euros) issue de la fusion des 4 intercommunalités de l'Audomarois.

Dans ce poste, qui est mon poste actuel, je me suis immédiatement engagé dans une importante conduite du changement, d'autant plus nécessaire que cette agglomération est investie d'une responsabilité particulière au sein du bloc local du fait de ses moyens d'intervention importants, lui permettant de faire bouger les lignes socio-économiques d'un territoire fragile (quartiers politique de la ville, programme ANRU et travail avec l'EPARECA sur la reconversion d'îlots...).

 

Quel projet a particulièrement marqué votre carrière ?

Cette fusion de 4 communautés, mais également de syndicats techniques d'eau et d'assainissement, à laquelle s'est ajouté le transfert de plusieurs compétences de proximité des communes (ex : la petite enfance), en application du projet de territoire sur lequel les 900 élus du territoire s'étaient accordés ! Cette fusion des administrations et des équipes (le nombre d'agents est passé d'un coup de 300 à 600 au 1er janvier 2017) a été marquante, car j'ai contribué à la préparer et à la mettre en œuvre avec le comité de direction reconstitué, et je pense dans de bonnes conditions, de manière durable et soutenable financièrement, en posant les briques de base de son fonctionnement au cours des années suivantes.

Cette fusion a donné naissance à une agglomération très intégrée en termes de compétences (développement économique, aménagement de l'espace et aménagement numérique, eau et assainissement, mobilité, politique de la ville, santé, culture, sport, centre intercommunal d'action social : accompagnement des bénéficiaires du RSA par délégation du département, épiceries sociales, politique de micro-crédit…), qui porte aussi le plus grand conservatoire à rayonnement départemental au Nord de Paris (130 enseignants, 3000 élèves). La CAPSO est devenue l'une des agglomérations de projet et de gestion qui compte le plus dans la région Hauts-de-France : elle a bien investi les réseaux nationaux d'élus et de techniciens, et elle est très regardée – et pas seulement par le contrôle de légalité ! 

Quel est votre projet d'actualité ?

Pour mettre en œuvre le projet de territoire et poser les bases du fonctionnement de la nouvelle entité, j'ai élaboré, avec une cinquantaine de cadres, un projet d'administration sur la durée du mandat - qu'il convient désormais d'évaluer - affirmant certains grands axes de management qui ont guidé notre activité :

  • l'accompagnement aux changements de méthode (dont la nécessaire transversalité entre les métiers dans le cadre du « mode projet ») et le développement d'une culture commune pour susciter l'adhésion des équipes ;
  • l'innovation dans les méthodes (expérimentations pragmatiques en matière de mobilités, lutte contre la fracture numérique, promotion du dialogue citoyen) et dans les projets (création de tiers lieux éco-numériques animés par une association délivrant des prestations in house ; axe « usagers » et labellisation de Maisons France Services…) ;
  • l'optimisation des marges de manœuvre budgétaires et financières en réinterrogeant les méthodes dans une perspective pluriannuelle et une forte synergie avec les communes, notamment via un pacte financier et fiscal ambitieux ;
  • la collaboration étroite avec les services déconcentrés de l'Etat sur les financements (FNADT, aides économiques…), la contractualisation (contrat de ville, contrat de renouvellement urbain, contrat de santé, contrat de plan Etat-Région, programme cœur de ville…), la restructuration du secteur de l'insertion professionnelle et sociale (mission locale/PLIE), la sécurité des grands évènements (championnat de France de cyclisme, centenaire de la Royal Air Force…) ;
  • la structuration de la gouvernance territoriale avec les opérateurs de l'agglomération dans une logique de holding (EPCC, agence d'urbanisme et de développement, entente intercommunautaire et pôle métropolitain, SPL Tourisme, office intercommunal du commerce et de l'artisanat…).

 

Que vous apporte l'ADGCF ?

L'ADGCF est avant tout un réseau professionnel nécessaire pour ne pas se laisser enfermer dans sa fonction. C'est aussi un lieu de synthèse qui permet de prendre de la hauteur par rapport à la gestion du quotidien. Je suis également le délégué de l'association pour les Hauts-de-France, ce qui m'a permis de fédérer les collègues DGA et DGS autour de certains enjeux, comme la relations communes-communautés qui a fait l'objet d'un récent colloque à Arras, en lien avec KPMG.

Je participe également à d'autres événements, comme les ETS ou organisé par l'AATF, tout aussi utiles à la compréhension de la fonction de directeur général, car ils favorisent la réflexion et l'échange d'expériences entre pairs.

 

[02/10/2017]