Dominique Garnier, DGS de la communauté de communes d'Erdre et Gesvres (12 communes, plus de 60 000 habitants), retrace son parcours professionnel dans les collectivités locales et explique l'enjeu de la mutualisation des services pour les intercommunalités.

« La mutualisation de services est un véritable trait d'union entre le mandat actuel et celui à venir »


Dominique Garnier

Quel a été votre parcours professionnel ?

Mon parcours a évolué de la commune vers l'intercommunalité.  J'ai commencé ma carrière dans une petite commune où j'ai pu apprendre ce qu'étaient les enjeux du fait communal pendant quatre ans. Souhaitant évoluer dans ma carrière, je me suis ensuite dirigé vers des communes de taille plus importante. Assez rapidement, j'ai été amené à assurer à la fois la responsabilité de DG d'une commune et d'une intercommunalité (SIVOM) qui est devenue ensuite la Communauté de Communes d'Erdre et Isac. Le projet intercommunal m'a donc intéressé depuis le début de ma carrière dans les collectivités.

Puis en 2001, j'ai eu l'opportunité d'évoluer vers une intercommunalité plus grande à la Communauté de Communes d'Erdre et Gesvres qui devait travailler sur deux grands dossiers : l'étude du SCOT métropolitain et  le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui impactait son  territoire. Ce dossier a traversé une longue partie de ma carrière ! À l'époque, le préfet insistait pour que les intercommunalités, dans leur projet de SCOT autour de la métropole Nantes Saint-Nazaire, fusionnent entre elles. Bien sûr, ce n'était pas un dispositif de fusion semblable à ce que nous pouvons connaître aujourd'hui. Nous venions de connaître de nouvelles élections municipales et les élus étaient très ouverts à cette évolution. Ce fut un projet particulièrement motivant car nous devions réaliser cette fusion dans un délai extrêmement court de quatre mois. Je me suis retrouvé à un poste de DG « développeur » où nous devions tout construire un nouveau territoire.

L'établissement du SCOT, le projet de développement, la défense des intérêts de la communauté dans le projet de Notre-Dame-Des-Landes, a été une phase particulièrement intéressante entre 2002 et 2004. Progressivement, notre intercommunalité a grandi et s'est doté d'importants moyens d'agir grâce à un développement économique dynamique. Nous comptons aujourd'hui plus de 60 000 habitants et disposons de beaucoup de compétences, ce qui nous permet d'être désormais dans une phase de stabilisation.

 

Quel projet a particulièrement marqué votre carrière ?

La construction du premier SCOT de la métropole Nantes Saint-Nazaire reste un souvenir particulier. Dans cette perspective, je pense avoir contribué à la consolidation de relations entre la métropole et ses territoires périurbains. J'ai pu montrer les intérêts et les impératifs en tant que communauté, et dans le même temps, expliquer à nos élus les contraintes d'un vaste territoire avec la métropolisation. 

Le dossier qui a traversé toute ma carrière reste, bien sûr, celui de Notre-Dame-des-Landes. L'idée était de construire un projet de développement autour de cet équipement qui représentait une contrainte pour notre territoire, mais qui pouvait aussi être appréhendé comme une force et une richesse. Nous avons travaillé pendant des années autour de cette question. C'est une expérience hors normes qui m'a beaucoup apporté en termes de richesse personnelle et professionnelle. Bien que le projet initial n'ait pas abouti, tenter de trouver un équilibre et un consensus entre des positions complètement divergentes était particulièrement intéressant et stimulant.

D'autres projets liés à l'intercommunalité dans laquelle j'exerce sont aussi d'excellents souvenirs, comme la construction d'équipements aquatiques dont nous ne disposions pas jusqu'à récemment, et qui était l'aboutissement d'un travail de plus de dix ans.

 

Quel est votre sujet d'actualité ?

Nous sommes dans une phase d'accélération concernant la mutualisation des services et des politiques publiques dans notre intercommunalité. Le président de notre intercommunalité avait fixé deux axes majeurs dans la feuille de route du projet de mandat 2014-2024 : le développement économique et la mutualisation de services et de moyens. À ce titre, le schéma de mutualisation, un document de programmation de mutualisation de services adopté en 2015, est un véritable trait d'union entre le mandat actuel et celui à venir.   

Depuis plusieurs années, en effet, nous mettons en place la mutualisation des services (certains sont déjà opérationnels comme l'instruction de l'urbanisme ou l'informatique), et d'ores et déjà nous réfléchissons également sur la poursuite de ce travail d'ici à la fin du mandat et pour le mandat prochain.

Ainsi, une révision du schéma et un dispositif  financier très incitatif au renforcement de la mutualisation des services viennent d'être approuvé.

Enfin, nous menons un important travail politique pour saisir dès maintenant les grands enjeux du territoire de demain, et ce afin de nourrir les débats de la campagne électorale municipale et communautaire à venir. À la fin de l'année prochaine, nous envisagerons, sur la base d'une grande enquête citoyenne et d'ateliers thématiques en cours, d'organiser une réunion ouverte à l'ensemble des élus municipaux actuels, à l'opposition et à la population qui souhaiteraient s'investir dans la campagne, afin de définir les enjeux du territoire au regard des transformations de la société, de notre territoire et des problématiques qui s'y posent. Construire les politiques publiques avec les habitants, c'est aujourd'hui ce qui nous motive et ce qui me passionne.

 

Que vous apporte l'ADGCF ?

Un réseau incontournable ! La découverte de l'ADGCF a été un tournant dans ma carrière car elle m'a apporté une vraie prise de hauteur sur les sujets que nous traitons dans nos collectivités. Il s'agit d'un vrai apport de connaissances. C'est un réseau qui me sert personnellement, mais qui apporte aussi à ma collectivité car je peux revenir avec des idées et des débats autour des questions que nous sommes amenés à croiser.

Par ailleurs, par le biais de l'association, nous apportons notre expérience à nos collègues. Il y a un véritable échange qui participe aussi au renforcement de nos compétences qui servent à nos territoires respectifs.

L'association a aussi l'avantage d'être écoutée, elle fait figure d'expert dans le domaine de l'intercommunalité. C'est donc un véritable avantage de pouvoir participer à ces réflexions qui permettent de faire bouger les lignes.

[02/12/2018]