Interview Christelle LAFAYE-PELLEFIGUE

Communauté de Communes Aunis Sud
Charente Maritime – 31 255 habitants – 24 communes


Interview Christelle LAFAYE-PELLEFIGUE

Quel a été votre parcours professionnel ?

Après un BTS, j'ai travaillé pendant 3 ans dans le secteur privé. Suite à un licenciement économique, je me suis ensuite préparée pour passer le concours de secrétaire de mairie que j'ai obtenu en 1994.

Très vite, j'ai eu l'opportunité de remplacer des DG dans des communes de 1 700 habitants et ce pendant près de deux ans.

En 1996, j'ai été nommée secrétaire de mairie de la commune des Portes en Ré, dans l'Ile de Ré (660 habitants l'hiver,10 000 l'été). La commune travaillait majoritairement sur des problématiques d'urbanisme, ce qui m'a permis de développer des compétences dans ce domaine.

En 2000, j'ai enfin décidé de passer le concours d'attaché afin de pouvoir postuler à un poste de DGS d'intercommunalité. Ainsi, je suis devenue DGS de la communauté de communes de Surgères, intercommunalité à caractère rural : 12 communes pour 13 000 habitants. Forte de mon apprentissage au sein des communes, la gestion d'une intercommunalité représentait un nouveau challenge dans un nouveau monde. Créée en 1994, cette communauté de communes avait été profondément modifiée avec la loi Chevènement et était en pleine construction en 2001.

Après plusieurs années dédiées à la construction de cette structure, il a fallu organiser la fusion avec d'autres communes en janvier 2014. Par conséquent, je me suis retrouvée à la tête de la communauté de communes Aunis Sud qui représente 24 communes et 32 000 habitants, et je suis fière d'avoir participé à la construction de cette intercommunalité avec les élus. Cela fait 18 ans que j'évolue et que je participe au développement de ce territoire. Je peux dire que je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer car j'ai occupé des postes différents, participé à des projets très intéressants et accompagné l'évolution institutionnelle de la communauté de communes. Aujourd'hui ce territoire a doublé : son nombre de communes, sa population, son budget, ses agents et ses compétences.

 

Quel projet a particulièrement marqué votre carrière ?

Il y a essentiellement un projet qui a marqué ma carrière : c'est la fusion de mon intercommunalité en janvier 2014, évoquée précédemment. Il s'agissait d'une fusion-extension dont la préparation a débuté à l'été 2012, soit 1 an et demi avant. Elle s'est effectuée entre toute la communauté de communes de Surgères, la moitié de la communauté de communes de Plaine d'Aunis, 4 communes de la communauté de communes du Val de Trézence de la Devise à la Boutonne et les 3 dernières communes non regroupées de la Charente-Maritime. Les élus de cette nouvelle entité avaient trois histoires et trois modes de fonctionnement différents. Tout était donc à écrire.

Préparée en amont, cette fusion extension intervenait juste avant les élections de mars 2014. Le but était de livrer à l'équipe du mandat suivant une intercommunalité en ordre de marche. Cette préparation s'est donc faite avec la plus grande vigilance des élus qui souhaitaient choisir en toute liberté les compétences de la future communauté sans être forcément liés par celles exercées auparavant. Les communes ont donc délibéré début 2013 pour choisir des statuts et des compétences propres.

Par la suite, toujours avant la fusion, nous avons été accompagnés par un cabinet de conseil concernant les questions de gestion RH et de gestion financière.

Au niveau RH, cela a permis de dresser un organigramme de la communauté et de faire coïncider postes, aspirations des agents et missions. L'idée était de créer une identité commune et d'aider chaque agent à trouver sa place.

Au niveau financier, le cabinet a accompagné l'intercommunalité sur les questions de calcul des dotations, des produits de fiscalité mais aussi sur les taux et les options de lissage possibles qui s'offraient à nous. Nous avons également demandé au cabinet de conseil d'organiser la formation de nos élus dans certains domaines comme le transfert de charges.

En qualité de DGS, je devais bien évidemment diriger ce projet. Assez étonnamment, même si j'étais installée à ce poste depuis plusieurs années, ce changement a fait naître des incertitudes en moi. C'était un nouveau départ avec de nouvelles fondations, il fallait tout recommencer. Bien heureusement, j'étais entourée d'élus qui me faisaient confiance, et qui avaient insufflé une énergie et une ambition inspirante dans cette construction. La fusion s'est alors faite très naturellement et depuis, nous « digérons » ensemble c'est-à-dire que nous gérons encore les conséquences de ce bouleversement.

 

Quel est votre sujet d'actualité ?

Aujourd'hui, cela fait bientôt 5 ans que je suis DGS de la communauté de communes Aunis Sud. Dans la continuité de la fusion, les élus ont souhaité se connaître encore mieux et travailler ensemble. Un projet de territoire 2015/2030 a donc été élaboré et validé par le conseil en juin 2015. L'actualité de notre territoire porte sur deux points : le PLUi-H et les coopérations interterritoriales.

En ce qui concerne le PLUi-H, nous avons transféré la compétence dès validation du projet de territoire 2015/2030. Le projet PLUi-H a été arrêté le 18 juillet 2019 et nous sommes actuellement en pleine enquête publique. Par ailleurs, nous sommes en discussion avec les services de l'Etat qui ne sont pas pleinement satisfaits. Nous essayons actuellement d'ajuster le projet afin de nous rapprocher au mieux des demandes de l'Etat. Nous souhaitons que ce dernier soit validé d'ici la fin 2019 avant les prochaines échéances électorales.

 

Aussi, depuis la suppression du Syndicat du Pays d'Aunis au 31 décembre 2015, plusieurs coopérations interterritoriales ont été mises en place avec des communautés, et syndicats.

Dans ce cadre plusieurs ententes ont été signées comme avec la Communauté de communes Aunis Atlantique, avec laquelle nous avons créé un Conseil de développement commun. La gestion de la compétence tourisme est assurée par l'Office de Tourisme Aunis Marais Poitevin. Et nous avons repris le Programme Leader initialement élaboré par le Pays d'Aunis.

Nous avons également développé plusieurs degrés de mutualisations en créant un syndicat mixte de SCOT avec 2 autres communautés, deux services unifiés différents pour la gestion de l'espace Infos énergie et pour les systèmes d'informations géographiques (SIG). Dans le cadre de la contractualisation avec la région Nouvelle Aquitaine, nous avons également cosigné des contrats.

Enfin, le pôle métropolitain Centre Atlantique a été créé, composé de 9 communautés réparties sur 2 régions et 3 départements. On compte 3 intercommunalités dans les Deux-Sèvres, 4 en Charente Maritime et 2 en Vendée. C'est une nouvelle façon de coopérer pour sortir des schémas de concurrences habituelles et des frontières administratives. L'objectif étant de coller le plus possible au bassin de vie des habitants.

 

Que vous apporte l'ADGCF ?

J'ai adhéré à l'ADGCF en 2008, dès que je suis passée sur un poste de DGS en emploi fonctionnel. L'association nous accompagne au quotidien avec des techniciens ayant une très haute expertise et qui travaillent avec beaucoup d'efficacité. C'est un lieu où les politiques publiques se construisent avec beaucoup de recul. Par ailleurs, il y a une véritable vie au sein de l'association et les échanges sont synonymes de partage et de convivialité. Depuis que je suis dans le réseau, je participe tous les ans aux Universités d'été : c'est ce qui me permet de « lever le nez » et d'appréhender différemment mon métier. En ce qui concerne les publications, elles constituent selon moi une véritable bible au quotidien. Enfin, j'apprécie particulièrement le travail qui s'effectue entre notre association et l'AdCF. Pour conclure, à l'ADGCF chacun à son mot à dire, nous sommes tous égaux et nous nous comprenons entre pairs.

[15/11/2019]