DGS de la communauté de communes de l'Orée de Puisaye (14 communes, 5 300 habitants), Fabrice Pocholle plaide pour une gestion unifiée des agents du « bloc local ».


La gestion unifiée pour simplifier l'administration locale

Quelles sont les principales étapes de votre trajectoire territoriale ?

A vrai dire, il n'y a pas vraiment eu d'étape ! Après des études de droit et un master en développement local à l'Université de Reims et après avoir fait mon service militaire, j'ai intégré la communauté de communes de la région de Charny comme « emploi jeune ». C'était en 1999. J'étais, à l'époque, le seul employé de la structure intercommunale et j'occupais alors les fonctions d'agent de développement. Les élus m'ont fait confiance.  Au fur et à mesure, nous avons étoffé nos compétences, assuré le déploiement et la gestion de bâtiments relais pour les entreprises par exemple, la collecte et le traitement des déchets, le programme local de l'habitat, l'action sociale… Aujourd'hui, il y a 70 agents communautaires et notre budget principal est de 6,2 millions d'euros : 5 en fonctionnement et 1,2 en investissement. Personnellement, j'ai passé le concours d'attaché territorial en 2003 et je suis attaché principal depuis 2012.

 

La communauté de communes a mis en place une gestion unifiée du personnel. Quels ont été les ressorts de cette évolution organisationnelle ?

Tout d'abord, il s'agissait de simplifier l'administration locale. Nous avons ouvert une réflexion sur la gestion unifiée dès 2007, à l'occasion du transfert de la voirie, des écoles et des équipements sportifs. Les élus se sont vite rendu compte qu'il était extrêmement compliqué de comptabiliser le temps de travail et de le refacturer ensuite à l'intercommunalité. Il était bien plus simple et efficace de passer en gestion unifiée. Les élus avaient aussi la volonté d'améliorer la qualité du service à l'habitant, sans accroître les charges de fonctionnement et la pression fiscale. Il nous fallait donc trouver un moyen d'augmenter nos ressources propres. Or, une meilleure intégration haussait notre CIF et nous permettait de majorer notre DGF. Bref, tout plaidait pour la gestion unifiée, de fait mise en place en 2009. Les élus communautaires ont rapidement été convaincus et ont porté la démarche ; les réticences sont plutôt venues des secrétaires de mairie même si elles sont aujourd'hui convaincues de l'efficience du dispositif.

 

A cet égard, quel est le rôle du DGS dans le processus de constitution d'une administration unique ?

Manager, jouer le rôle d'interface entre les élus et surtout rassurer le personnel municipal ! Certaines secrétaires de mairie craignaient en effet de perdre leurs prérogatives, de quitter leur mairie et d'être davantage contraintes par les déplacements… Dès le lancement du projet, je les ai régulièrement réunies afin qu'elles soient pleinement associées au processus ; surtout je leur ai confié le suivi d'un dossier spécifique : celle-ci a fait le choix des écoles, une autre de la voirie etc. Elles se sont vite aperçues que la gestion unifiée allait valoriser leur position, les inscrire dans une logique de carrière, les doter d'une expertise plus robuste, mais aussi rompre leur isolement. Outre les secrétaires de mairie, les cantonniers, les agents des écoles maternelles, les agents d'entretien et les cantinières sont aujourd'hui employés par l'intercommunalité, le montant de la compensation financière étant 1 562 000 €. Les méthodes de travail ont ainsi changé : les agents, mobilisés par la démarche, pensent et agissent « bloc local ». Pour l'habitant, il n'y a pas de changement, si ce n'est, bien sûr, un service plus efficace. Les communes qui nous ont rejoints au 1er janvier 2014, issues de la communauté de communes des coteaux de Chanteraine ne s'y sont pas trompées ; elles se sont fondues dans le moule, les maires identifiant d'emblée la plus-value d'une gestion unifiée du personnel.

[11/05/2014]