Directeur général des services de la communauté d'agglomération du Grand Dax (20 communes, 55 000 habitants) Jean-Luc Bordenave décrit, à l'aune de son parcours, les différentes dynamiques qui sous-tendent l'évolution des institutions départementales et intercommunales.


L'avenir, c'est l'intercommunalité

Quelles sont les principales étapes de votre trajectoire territoriale ?

Après des études à l'Université de Pau achevées par un DESS en gestion des collectivités territoriales, j'ai fait la rencontre d'un secrétaire général de mairie. J'ai pu découvrir, avec beaucoup d'intérêt, les rudiments de ce métier, et en 1982, j'ai intégré les services d'une station thermale et de sports d'hiver des Pyrénées en tant que secrétaire général.

Au bout de 10 ans, alors que je m'interrogeais sur la poursuite de ma carrière dans le milieu des collectivités, j'ai eu l'opportunité de rejoindre la ville d'Annecy en tant que DGA. C'était une collectivité importante, réunissant plus de 1800 agents, et qui faisait preuve d'un réel volontarisme en matière de politiques culturelles, sociales, éducatives. C'est là que j'ai véritablement découvert le management et l'impact de l'action publique au plan local. J'y suis resté 10 ans. J'ai par la suite obtenu un poste de DGS, à Sucy-en-Brie, une ville francilienne de 35 000 habitants. Travailler en région parisienne s'est avéré très instructif : ce ne sont pas les mêmes modes de fonctionnement, tout est plus complexe. Je collaborais au quotidien avec les services des monuments historiques, les services du Conseil régional et de l'Etat… J'y ai également mis en place les 35 heures. Après 18 mois, un cabinet mandaté par la ville de Saint-Etienne m'a débauché, pour un poste de DGA.

« J'ai perçu le côté sophistiqué et stratégique de l'intercommunalité »

 

Dans une collectivité de 3 900 agents, j'avais notamment en charge les politiques sociales, éducatives, culturelles et sportives. Le changement d'échelle était vraiment intéressant : je travaillais avec les services de la Région et, dans le même temps, j'avais des échanges réguliers avec les collègues des autres principales villes et agglomérations de Rhône-Alpes, dans le cadre du réseau des huit villes. Ce poste m'a beaucoup appris.

Après toutes ces années passées dans des communes, j'ai souhaité intégrer l'équipe d'une agglomération ou d'un département. Finalement, j'ai eu une proposition en Alsace, au Conseil général du Haut-Rhin comme DGA en charge des collèges, de la culture, du patrimoine et, surtout, tout le champ social. J'y suis resté 4 années, marquées, là encore, par de nombreuses coopérations: avec le Bas-Rhin et la Région sur les problématiques sociales et de structuration de maisons infra départementales de services, mais aussi avec les voisins allemands, notamment sur les questions de cohésion sociale.

Après le Haut-Rhin, je suis devenu DGA en charge des collèges, des transports du patrimoine et de la culture, puis du social et de la  solidarité, dans le Département du Maine-et-Loire. A la tête d'un budget de 380 millions d'euros, j'ai principalement travaillé à la territorialisation des politiques sociales du Conseil général et mis en place les outils de pilotage et de suivi ad hoc.

C'est à la suite de cette ultime expérience en département que j'ai voulu rejoindre une intercommunalité. L'idée avait fait son chemin depuis Annecy : j'avais vu les compétences dont j'avais la gestion être transférées à l'agglomération et j'avais bien perçu, alors, le côté sophistiqué et stratégique de l'intercommunalité. En Maine-et-Loire, j'ai également pu constater la perte de puissance des Conseils généraux et leur asséchement financier. C'est pourquoi l'opportunité de la direction générale du Grand Dax m'a motivé tout particulièrement. Sans oublier que, de surcroît, je me rapprochais de ma région d'origine !

 

Vous êtes passé par deux Conseils généraux et vous exercez maintenant dans une communauté d'agglomération. Quelles sont les différences notables entre les deux institutions ?

Tout d'abord, le rapport au politique. Dans un Conseil général, les vice-présidents sont beaucoup moins présents souvent pris par leurs autres mandats. Ici, je vois davantage les élus, j'ai plus de proximité avec eux et j'ai la chance de travailler avec une nouvelle Présidente très investie.

Ensuite, les Départements sont beaucoup plus encadrés, par des normes et des politiques fixées par l'Etat. Au sein de l'agglomération, même si le contexte se tend budgétairement, j'élabore, avec les élus, un projet propre au territoire. Autrement dit, on a encore des marges d'action et des perspectives : on prépare l'extension du périmètre, on dialogue avec la région… En termes de management, c'est passionnant : on fonctionne par objectifs, mes collaborateurs sont jeunes et motivés. Je viens de me saisir du schéma de mutualisation. On organise des ateliers par compétence, auxquels participent tous les maires : ça lance la dynamique de notre nouveau projet intercommunal. On a également établi un diagnostic sur nos ressources et on s'engage dans un processus de GPEEC…

En parallèle, le chantier majeur, c'est le développement économique. Parce que c'est par ce biais que l'on pourra augmenter nos ressources et continuer à investir. Et le territoire de Grand Dax a des atouts : la nouvelle gare TGV sur la ligne Sud Europe et au bord de l'A10. On va s'attacher à optimiser la situation géographique du territoire. Il devrait être d'ailleurs entièrement couvert, dès l'an prochain, par le très haut débit.

Dit autrement, au regard de la démultiplication de nos missions, indéniablement, pour moi, l'avenir c'est l'intercommunalité.

 

Quelle est, selon vous, la priorité de l'ADGCF pour le mandat en cours ?

Je retiens les propos du président Pascal Fortoul tenus à Lille à l'occasion de l'assemblée générale de l'association. Le principal enjeu pour l'ADGCF c'est la consolidation de son action régionale. Au regard de ses adhérents, bien sûr, c'est-à-dire en terme d'offre de séminaires locaux. Au regard également de la montée en puissance des Conseils régionaux, puisque les intercommunalités seront les échelles de territorialisation de leurs politiques et que nous devrons de fait assurer un va-et-vient constant d'informations avec nos homologues DG des régions. Au regard enfin de l'objectif de l'AdCF de renforcer sa présence en région avec la mise en place notamment des conférences territoriales de l'action publique. Dans le cadre de la convention de partenariat qui nous lie à l'AdCF, il s'agira bien, pour les délégués régionaux de l'ADGCF, d'être les supports et les experts des élus de l'intercommunalité.

[14/11/2014]