Directeur Territorial Rive Droite (11 communes) de Bordeaux Métropole (28 communes, 720 000 habitants), Thibault Rufas passe en revue les mutations engendrées par les différentes réformes territoriales.


Portrait de Thibault Rufas

Quelles sont les principales étapes de votre parcours territorial ?

Après un Master en Gestion et Droit public, j'ai finalisé, en 1992, ma formation par un Master 2 Management Public. Mon cursus m'orientait donc naturellement vers les collectivités locales, et le service public. J'ai occupé un premier poste en collectivité en tant que contrôleur de gestion dans la commune d'Osny (Val d'Oise), puis j'ai intégré la Caisse d'Epargne en 1995. J'ai d'abord été analyste financier, puis chargé d'affaires. Ces expériences m'ont notamment permis de développer des compétences en analyse financière et gestion de la dette. En 2004 j'ai souhaité revenir à ma vocation première, au sein d'une collectivité locale, et j'ai obtenu un poste de directeur adjoint à la communauté de communes du Grand Dax. Puis je suis devenu Directeur Général des Services, et j'ai accompagné la transformation de cette communauté de communes en une communauté d'agglomération. C'est dans une volonté de renouveler mon parcours professionnel et de valoriser mon expérience landaise au sein d'une grosse intercommunalité, que j'ai intégré en 2011 la Communauté Urbaine de Bordeaux, juste avant qu'elle ne prenne son statut de métropole. Je suis actuellement Directeur Territorial de la Rive Droite de Bordeaux Métropole (11 communes). Ma mission consiste à mettre en proximité les projets et politiques métropolitains en étroite relation avec les communes de la rive droite.

 

Y-a-t-il aujourd'hui un projet porté par la métropole et sur lequel vous êtes particulièrement investi ?

Depuis quelques mois, Bordeaux Métropole a lancé une démarche de mutualisation très ambitieuse, avec la volonté de développer tout type de services communs au profit de ses 28 communes. Ainsi, au sein de ma direction territoriale, je serai chargé de piloter la gestion de l'exécution budgétaire de la ville de Floirac ainsi que la gestion de ses ressources humaines. Nous préparons également la mise en place de service commun d'entretien du domaine public (espaces verts, propreté, éclairage public…).

“Un projet d'intégration ambitieux et innovant”

Plus qu'un développement traditionnel de coopération intercommunale, le projet consiste à déployer le service commun, intégrant la ville centre et toutes les autres communes, en fonction de leur volonté d'intégration bien entendu. Cette démarche est très innovante car quasiment aucune métropole n'a atteint (ou tenté d'atteindre) ce niveau de mutualisation en matière d'entretien du domaine public. Ce projet est particulièrement motivant, et sa mise en place est prévue pour le 1er janvier 2016.

 

Quel est votre regard sur le contexte des réformes territoriales et le rôle de l'ADGCF ?

Ces reformes m'apparaissent nécessaires pour pérenniser la qualité du service public, et d'autant plus dans les milieux ruraux. Elles permettent également de rationaliser l'organisation des services publics dans les milieux urbains, car la concurrence au sein des intercommunalités y est encore trop forte. Le rythme d'enchainement des réformes et leur accompagnement quasi inexistant constituent toutefois un bémol, car nos échéances sont très courtes. En tant que formateur pour l'Association des Maires de la Gironde (AMG 33), je suis fréquemment au contact des maires et je constate un certain désarroi au vue de l'empilement des réformes successives qui impactent l'intercommunalité depuis plusieurs années. A peine ont-ils digéré les regroupements de 2011 qu'ils doivent se projeter sur un autre paysage, une nouvelle architecture. Il en résulte une grande difficulté à suivre le rythme des réformes, et des inégalités dans la faculté d'adaptation : les cadres territoriaux des petites intercommunalités rencontrent des difficultés à mettre les réformes à l'œuvre dans les délais, et les élus ont du mal à s'adapter. De façon contradictoire, bien que subsiste toujours une peur de perte de proximité engendrée par l'amoindrissement du pouvoir direct, la complexité administrative grandissante pousse les communes à être de plus en plus ouvertes malgré elles à des regroupements. L'idée des communes nouvelles peut désormais être évoquée sans peur, et il s'agit là d'une évolution très importante, notamment dans les milieux ruraux.

“ Rompre avec la solitude des cadres territoriaux”

Dans ce contexte de mutation, l'ADGCF permet d'accéder à des ressources actualisées en permanence, études, notes d'analyse, données statistiques… Les délégations régionales de l'association assurent également un relai de proximité physique au sein des régions pour accompagner les adhérents grâce à une mise en commun des connaissances et des méthodes. Surtout, dans les intercommunalités rurales, les cadres sont souvent très isolés ; l'ADGCF permet précisément de rompre avec cette solitude.

[08/04/2015]