Rencontre avec Laurence Penhouët, DGA chargée du pôle administratif et financier de Saint-Brieuc Agglomération (14 communes, 115 000 habitants)


Portrait de Laurence Penhouët

Quelles sont les principales étapes de votre parcours territorial ?

Après un master en audit et contrôle de gestion à l'École Universitaire de Management (IGR-IAE) de Rennes, j'ai intégré le groupe de presse Bayard à Paris en 1992. Mon cursus me destinait plutôt à une carrière dans le privé  mais en 1994, j'ai obtenu un poste de conseillère de gestion à la mairie de Saint-Brieuc.  J'ai adoré la polyvalence du poste de conseillère de gestion car un jour, je travaillais avec une crèche, le lendemain en restauration scolaire, puis le jour d'après avec l'imprimerie. Contractuelle de 1994 à 1999, j'ai passé le concours d'ingénieur en 2000. Puis, mon DGS m'a proposé la direction financière et des relations intercommunales (DFRI). Véritable plaque tournante des dossiers intercommunaux à la mairie, ce poste m'a permis de développer un goût prononcé pour la culture du consensus. En mai 2010, j'intègre la communauté d'agglomération en qualité de DGA des services fonctionnels afin de mener la structuration des directions financière, RH et juridique. Ainsi, je suis passée d'une structure très hiérarchisée de 1300 personnes représentant 200 métiers à une structure plus légère et plus rapide de 250 personnes axée sur le projet. Le manque de rapport avec le quotidien et l'usager a vite été compensé par les avantages de travailler avec 14 communes en même temps : la concertation des 14 DG/SG est une véritable ouverture d'esprit qui me permet de voir les choses avec différents points de vus ce qu'illustre parfaitement cette citation de George Bernard Shaw : « Il y ceux qui voient les choses telles qu'elles sont et se demandent pourquoi, et il y a ceux qui imaginent les choses telles qu'elles pourraient être et se disent… pourquoi pas ? »

En passant de la commune à l'intercommunalité, je suis passée du pourquoi au pourquoi pas.

Dans une communauté, toutes les politiques publiques sont appréhendées avec ce prisme : on avance, on construit, on expérimente. Pour avoir fait les deux, je sais qu'en tant qu'agent communal, on n'imagine pas ce que le projet et le consensus représentent dans une intercommunalité. On voit l'intercommunalité comme un aspirateur de compétences. C'est pour cette raison que je conseille à tous mes collègues d'inviter les cadres communaux en Bureau communautaire pour leur montrer la grande confrontation d'idées et la volonté de construire et d'écoute qui existent dans nos intercommunalités.

 

Quel projet professionnel vous a particulièrement marqué ?

Je suis arrivée à l'agglo de Saint-Brieuc lors du transfert de l'assainissement collectif, de l'eau potable et des eaux pluviales. En plus de la complexité d'un transfert aussi important, les compétences qui étaient en DSP sont passées en régie directe au même moment. En clair, ce transfert concernait plus de 120 agents, 1 300 km de réseau d'adduction d'eau potable, 670 km de réseau d'assainissement, 400 km de réseau d'eaux pluviales, 2 grandes unités de dépollutions (stations d'épuration de Saint-Brieuc et Langueux), 2 usines de potabilisation des eaux produisant 8 millions de m3 d'eau potable. La mobilisation de toutes les compétences internes et le protocole avec les syndicats ont été particulièrement importants et stimulants. Préparé du côté ville et vécu à l'agglomération, cette expérience a été un chantier très enrichissant.

 

Quel est votre dossier d'actualité?

Nous travaillons actuellement sur l'extension de nos périmètres avec 3 communautés de communes qui nous ferait passer de 14 à 34 communes. Au lendemain de la présentation de la carte du préfet le 13 octobre dernier, nous avons contacté nos collègues afin de travailler ensemble. L'idée était de partir d'une feuille blanche : cette fusion doit être la création d'une nouvelle structure et non une absorption. Nous devons mobiliser toutes nos compétences et être dans l'écoute. Pour ce faire, l'agglo souhaite se développer tout en préservant la proximité avec les habitants et en écoutant les préoccupations des communes afin de bâtir un projet adapté à notre territoire et réussir ce mariage.

 

Qu'est-ce que vous apporte l'ADGCF ?

J'ai été approchée par mon collègue Benoît Bellec afin de rejoindre la représentation régionale de l'Association. Ma volonté est de rassembler et de représenter les DGA qui ne sont pas assez nombreux dans les réseaux nationaux. D'autant plus qu'avec les fusions et les extensions de périmètres, beaucoup de DG vont devenir DGA. Ces derniers vont constituer un socle de connaissances important sur lequel il faudra s ‘appuyer. Par ailleurs, le réseau régional de l'ADGCF me permet d'échanger des expériences avec mes collègues. La solidarité et le partage de savoirs sont très importants dans nos territoires, le secteur privé devrait d'ailleurs s'en inspirer. En plus des réunions et manifestations qui nous permettent de nous rencontrer et de partager, la plateforme est un outil indispensable au partage des succès et des échecs de nos collègues. Tous ces échanges doivent nous permettre de nous inspirer, de rechercher des tendances. Je le rappelle : nous avons le droit à l'expérimentation. Il ne faut surtout pas copier ce que font nos voisins. On doit s'inspirer des autres territoires pour compléter sa réflexion et être innovant. Copier c'est prendre 5 ans de retard.

[08/12/2015]